Les Lucioles Automnales - Guild Wars 2
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[GW2 Récit] L'Eveil

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Message par Jeradon Jeu 2 Aoû 2012 - 13:11

L’EVEIL.

Il se souvint d'abord de la douce chaleur lumineuse qui l’entourait. Quelque part on entendait des bruits assourdis, étranges. Il ouvrit tout à fait les yeux et s’étira.

La lumière disparut. Quelque part quelque chose se rompit. L’instant d’après Roncebrume atterrit sans cérémonie à quatre pattes sur un sol vert, mou et tiède. Cette fois la pénombre régnait aux alentours, l’air embaumait d’odeurs étranges et déjà une silhouette familière se dirigeait vers lui.

La sylvarie aux couleurs pâles s’approcha doucement. D’une voix sereine elle l’interpella. « Belle nuit. » Le nouveau né leva un regard scrutateur. Enfin il sourit. « Caithe ! »
La première née sourit : « Tel est mon nom. Connais-tu le tien ?
- Roncebrume ».
Caithe eut un sourire patient « Ton vrai nom est Feodhan…Mais libre à toi de t’appeler Roncebrume si tu le désires. »
Déjà le jeune sylvari était perdu dans la contemplation des champignons lumineux, du vol des lucioles, et de la lumière des étoiles à travers les trouées.
« Tant de merveilles !!! »
Caithe sourit encore… «Et dans quelques heures, avec le lever du soleil tu en verras bien d’autres ! ».
D’autres sylvaris venaient d’entrer dans la clairière, Bientôt Roncebrume se trouva au milieu d’un cercle de promeneurs nocturnes. Son regard se porta sur une cosse voisine de la sienne « Pourquoi n’est elle pas ouverte ? ». Un silence pesant se fit.

Enfin Caithe s’avança. « Feodhan, je suis désolée ; mais la sylvarie qui s’y trouve n’arrive pas à sortir. »
Roncebrume regarda les autres, un sourire naïf sur le visage. « Mais il suffit de crever la cosse n’est ce pas ?
-Non Feodhan nous ne pouvons pas nous en prendre à l’Arbre. La cosse ne s’ouvrira que lorsque la sylvarie sera prête. Elle nous entend, elle nous sent, mais elle refuse d’ouvrir les yeux. Il nous reste encore quelques jours pour la faire éclore. Passé ce délai elle flétrira avec sa cosse ».
Caithe se tut devant l’expression horrifiée de Roncebrume. « Non…Ce n’est pas possible …Elle va disparaître comme cela ?
-Si elle ne veut pas sortir vivre son rêve, elle ne pourra naître. Et l’Arbre la réintègrera. »
Roncebrume se tourna vers la cosse boursouflée. Caithe reprit. « Quand la cosse commencera à blanchir, elle flétrira. » Roncebrume secoua la tête … « Je ne veux pas. Peut être que si je lui montre quelque chose qu’elle n’a pas encore vu, sortira t’elle. »

Caithe eut un air songeur. « C’est possible. Tu veux attendre le matin peut-être ?
Roncebrume secoua la tête. « Non, je dois le faire maintenant. J’aimerais chanter.
-Pourquoi pas ? Un des nôtres a ainsi fait venir un Sylvari dans le rêve. Ta voix aura t’elle ce pouvoir ? »

Il n’y avait qu’un moyen de le savoir : Roncebrume s’assit sur la mousse de la clairière face à la cosse rebondie. Il inspira l’air de la nuit. Il écouta la paix sereine, il regarda les lueurs iridescentes qui parcouraient les plantes. Sous la canopée endormie s’éleva un chant mélodieux.

Aucun des sylvaris présents n’avait entendu une telle chose. Comme en écho à cette litanie mélodieuse, des instants passés leur revenaient à l’esprit. Quelques uns revirent une vallée endormie parsemée de statues. D’autres virent des lumières irisées jouant sur le marbre blanc d’une statue mélancolique. D’autres virent des flocons blancs descendre lentement dans le ciel de la nuit. Roncebrume poursuivait son chant. Lentement la rumeur de la nuit finit par se taire : quelque part une lumière douce finit par filtrer à travers la canopée. La cosse n’avait toujours pas bougé. Une par une, les lueurs des plantes s'éteignirent. Devant les yeux de Roncebrume la forêt commençait à changer.

Sur les branches et les troncs, des excroissances se recouvraient de fleurs aux couleurs étranges, et finalement, la forêt se mot à retentir de cris discordants. Roncebrume leva un regard égaré vers les branches luxuriantes. La lueur éblouissante qui illuminait la clairière lui laissait entrevoir les tâches colorées qui virevoltaient dans les airs. Émerveillé il tournait la tête dans toutes les directions, quand un bruissement le fit se retourner. Sous ses yeux, tout de rouge et de jaune paré venait de se poser un animal aux yeux petits et noirs. Il tourna une espèce d'épine noire vers Roncebrume. Il lui gazouilla quelque chose. Et Roncebrume comprit qu'il voyait un oiseau.

Au milieu du vacarme lui parvint la voix de Caithe. «Feodhan, contemple et accepte.»
Devant ses yeux la cosse verdâtre se mît à osciller. «Elle va sortir. Elle va sortir!» Il se rua vers la cosse. Frénétiquement il tenta de la secouer. «Aidez-moi!» Mais les autres restaient assis au bord de la clairière, muets. Roncebrume comprit qu'il devait les rejoindre. Mais il ne devait, ne pouvait pas laisser sa sœur lutter seule pour sortir. Lentement, comme à regret la cosse s'entrouvrit à peine. Il crut entendre un soupir quelque part à l'intérieur. Comme enragé, il tira encore. Mais cette fois rien ne bougea. Il comprit et rejoignit les autres.

Il ne réagit même pas, quand du ciel gris s’abattit une pluie persistante. Insensible à la caresse des gouttes qui coulaient le long de son corps, Roncebrume contemplait la cosse. Et ce ne fut qu’à l’éclaircie que celle-ci s’ouvrit.

La nouvelle née s'avança dans une clairière détrempée, vers la lumière dorée du soleil. Elle accepta la main tendue de Roncebrume, et à sa question elle répondit «Je suis Sorcha. » Il secoua la tête. «Tu as un nom de naissance: Aubespoir». La nouvelle venue scruta ce Sylvari élancé au feuillage terni. Elle finit par sourire : «J'accepte ce nom.»

Roncebrume sut alors qu'eux d'eux créaient une nouvelle branche du rêve.

[GW2 Récit] L'Eveil Ronceb10
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[GW2 Récit] L'Eveil Empty [GW2 Récit ] Amères discussions

Message par Jeradon Mar 14 Aoû 2012 - 0:09

Amères discussions...

La journée tirait à sa fin quand Roncebrume finit par déchiffrer le papier que lui avait passé un voyageur Norn. L’homme avait été bourru et finalement, cédant aux demandes insistantes de Roncebrume, avait griffonné sur le papier qu’il lui tendait la recette du jarret de Dolyak braisé.

Le texte était clair  et ce n’était pas une liste farfelue d’ingrédients étranges, comme il en avait reçues dans le passé. Le seul problème c’est qu’il n’y avait pas de dolyak dans les environs du Verger...

Tout à ses pensées culinaires il s’avisa soudain de la lumière déclinante au seuil de sa chambre. Il allait être en retard à son rendez-vous !!!

En panique il sortit, et s’engouffra dans le premier bulbe vers les niveaux supérieurs du Verger. Quelques instants plus tard il se dirigeait au pas de course le long de passerelles ensoleillées vers la Chambre de Délectation. [GW2 Récit] L'Eveil Le_bos11

Les étrangers appelaient cet endroit "restaurant". Pour les sylvaris comme Roncebrume c’était le lieu rêvé pour se rencontrer, échanger des idées, faire des projets, évoquer des souvenirs du Rêve ou pour panser des plaies. Et ces derniers temps Roncebrume s’était surtout livré à cette dernière activité.

Quand il passa le seuil de la chambre, il se rendit compte avec un autre pincement au cœur, que ça serait encore le cas ce soir ci: Sorcha était déjà là et elle se retourna à peine à son entrée.
Aux petits gestes de salutations  elle répondit par une moue méprisante. Roncebrume comprit et se dirigea vers le comptoir. Quelques instants plus tard il était de retour avec deux coupes de Couleur de Nacre, sa boisson favorite.
Sorcha finit donc par se laissa guider vers un coussin, dans un coin de la salle. Elle s’allongea sur un coude et avala une gorgée de la boisson d’un air dédaigneux. Assis dos à la paroi fibreuse de la salle, Roncebrume contemplait la silhouette gracieuse de sa sœur. Enfin il prit la parole.

«Je suis désolé d’être arrivé en retard, tu sais ».
Sorcha haussa une épaule. « Tu as l’air plutôt désolé ces derniers temps…Que veux-tu réellement ?
-Savoir ce que tu as dans la tête.
-C’est mon affaire. »
Roncebrume porta la coupe végétale à ses lèvres, avant de la reposer intacte.
-C’est aussi la mienne. Je t’ai aidée à sortir si tu ne t’en souviens pas … »
Sorcha fronça les sourcils. « Je m’en souviens très bien. Et maintenant Feodhan le cuisinier a décidé qu’il savait mieux que les autres ce qui vaut pour moi. »

Pour Roncebrume, il était temps de parler clairement. Il insista: « Je ne peux pas décider ce que tu veux, Sorcha, j’aimerais simplement partager mon avis avec toi ».
Sorcha fit la moue. « Tes avis je les connais. C’est d’ailleurs pour cela que je préfère demander conseil à d’autres. »
Roncebrume secoua amèrement la tête. « Je ne vais pas te demander qui…Sorcha tu choisis une route différente, et tu ne dis rien, tu n’expliques pas ! Nous avons partagé si peu depuis ton éclosion !!! »

Elle le regarda fixement de ses yeux ambrés. Lentement, son visage révélait la montée de sa colère.
« Ah, mais ce n’est pas ma faute!!! Feodhan l’envouteur n’est pas vraiment partageux non plus!!!
-Comment peux-tu dire ça ?" lança Roncebrume piqué au vif. « Je t’ai offert mes journées d’expédition à Calédon!"
-Oui, oui… » Sorcha pinça les lèvres avant d’énoncer suavement « Mis à part, bien entendu, ton rêve ».
Roncebrume sourit « Mais…Je t’en ai parlé aussi. 
-Beaucoup moins qu’avec une Gardienne Sylvarie de ta connaissance." Lança Sorcha " Et quand je m’en vais dormir, tu lui racontes tout, et elle te confie tout !!! »
Roncebrume pinça les lèvres. Il n’avait pas vu les choses de cette façon. « Mais…Sorcha, ce n’est pas une sœur…Elle est simplement née pendant la nuit tout comme moi. Et quand je la rencontre nous nous parlons, mais ce n’est rien d’intense. »

Les yeux de Sorcha s’agrandirent, et sèchement elle commenta « Donc quand Feodhan le cuisinier raconte à Meglynne la nuit de ma naissance, il n’y a rien d’intense. »
Elle se redressa, les lèvres pincées. « Sache que je n’ai jamais raconté à quiconque les détails de notre première rencontre !  Et je n’ai pas envie de découvrir que quelqu’un d’autre a vécu notre expédition à Caledon !"
Alarmé, Roncebrume se leva. « Sorcha attends !" Il lui prit la main. « J’ai peut être commis des erreurs, mais je t’en supplie ne t’en vas pas. Sans toi ma vie n’a plus de sens."

Elle le regarda avec un tendre désespoir « Il faudra peut-être en trouver. »
Ces mots, Roncebrume n’aurait jamais voulu les entendre. Inquiet, il reprit: « Que veux-tu dire ? Je ne vais pas abandonner tout ce que j’ai ! Nous commençons à peine notre rêve, nous devons aller plus loin encore ! »

Sorcha secoua la tête. « Demain je vais au Nord combattre les kraits avec Flynn Fortesève. Tu peux venir si tu veux. Nous partirons au lever du jour. Mais ce soir, il m’attend pour discuter des derniers détails. Bonne nuit. »

Et l’instant d’après elle avait tourné les talons et quitté la salle de sa démarche gracieuse.
Roncebrume eut l’impression d’avoir avalé un tonneau de sauce aux épices. Ainsi ce bellâtre de Flynn avait mis la main sur sa soeur!!! Et depuis combien de temps encore !
Il étouffait : il se précipita dehors dans la nuit vibrante des dernières fragrances de la journée. Parvenu au bord de la passerelle il regarda sans les voir les lumières en contrebas.
Enfin il reprit son souffle. Demain il irait vers la côte Nord, et montrerait à Sorcha qui était le bon choix.


Dernière édition par Jeradon le Sam 29 Déc 2012 - 16:23, édité 2 fois
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[GW2 Récit] L'Eveil Empty Re: [GW2 Récit] L'Eveil

Message par Jeradon Mar 14 Aoû 2012 - 20:06

L'invité indésirable

Le cor avait à peine fini de sonner que déjà, à travers la vallée on se dirigeait vers le village. Roncebrume comprit que le temps était venu de quitter le bivouac des marchands humains. Il ajusta prestement son manteau et partit vers le village des Norns.

C'était une fin d'après midi, et à travers le sous bois ombragé, Roncebrume cheminait au milieu d'un petit cortège de chasseurs. Déjà on entendait les échos de la fête : au milieu du village, au son du tambour, garçons et filles Norns dansaient la bourrée.
[GW2 Récit] L'Eveil Beer_s10

Mais les chasseurs Norns se dirigeaient vers une grande maison décorée de lampions. Et sans trop l'avoir voulu, Roncebrume se retrouva sous le toit immense devant un comptoir imposant.

Là trônait une imposante femme aux longs cheveux bruns. Elle contempla d'un air soupçonneux cet avorton vêtu d’un manteau de feuilles.
« Hé toi ! Qu'est ce que tu bois?
-Un vin bien frais s'il vous plaît. »
La femme eut un sourire moqueur. « Fais un meilleur choix ! Bière, houblon, hydromel, prune ? » Avant que Roncebrume ait pu répondre, une voix acerbe retentit : « Sylvari ! Comment oses-tu être ici ? »

Roncebrume se tourna pour faire face à une altière Norne en armure de cuir. Il prit un visage d'écorce: «Je suis sylvari, mais j'ai aussi un nom. On m'appelle Roncebrume ».
Les yeux verts de la femme étincelèrent de colère. « Je suis Helga Kaldstall,  Roncebrume, et tu n'es pas invité à ma fête. Ta place est dehors avec les étrangers ! »Le Sylvari retourna un regard surpris. « Votre taverne n'est donc pas ouverte aux visiteurs ? »

Dans le dos de Roncebrume une ombre massive s'approcha. « C'est donc une taverne ici ?»
Le Sylvari se retourna pour découvrir un guerrier Norn taillé comme un roc. « Salut Sylvari. On m'appelle Tholkor.
-Enchanté. Roncebrume. »
Le guerrier le scruta d’un regard bleu acier. Enfin il approcha un visage buriné. « Alors Roncebrume, tu te crois dans une taverne ?» Il étendit une large main bronzée, empoigna le Sylvari par le collet, et le souleva à bout de bras. De là haut on pouvait entrevoir une salle immense, des tables avec des dizaines de Norns hilares, et des lampes de bronze. Puis Tholkor reposa Roncebrume sur le comptoir avant de sourire : « Voici la Salle des Héros.  Et tu n'en es pas un. » Il eut l'air peiné.  « Ta place n'est pas ici, mais malheureusement tu as compliqué les choses. Nous ne pouvons pas te laisser partir d'ici vivant...A moins bien sur que tu te comportes comme un héros... »

Il tonna un ordre en Norn. Quelques instants plus tard, trois pintes de bière grandes comme des vases étaient alignées sur le comptoir. Débonnaire, Tholkor se retourna vers Roncebrume : « Voici trois chopes. Tu prends la première, je continue avec la seconde, et tu finis avec la troisième ».
-Et si je refuse ? »
Tholkor tira une hache de sa ceinture et la posa sur la table « Dans ce cas tu rejoins le tas de compost de tes ancêtres. Choisis, Roncebrume : la boisson ou la hache ! »

Une voix sarcastique l'interrompit : « Laisse tomber, Tholkor. Il ne boira pas ta bière ! »
Le nouveau venu faisait une bonne tête de moins que le guerrier Norn, et sa robe bleue d'envoûteur était défraîchie. Mais il parlait avec assurance. Tholkor se redressa et négligemment, fit craquer ses phalanges.
« Gurnmarsson, ce soir, c'est moi qui maintiens l'ordre ici. A moins que tu ne sois pas d'accord. »

L'annonce tranquille de Tholkor fit taire les discussions aux alentours.
L’envoûteur haussa les épaules. « Ne t'en fais pas Tholkor. Pour rétablir l'ordre il suffit que tu sortes. ».
C'était trop : D'un bond et d'un coup de poing Tholkor le catapulta contre un des madriers qui soutenait le toit. L'envoûteur s'effondra comme une poupée brisée. Le guerrier empoigna une table, enjamba une chaise fracassée et en trois pas s’approcha. L'envoûteur était encore à quatre pattes au sol. Tholkor eut un sourire goguenard…« Tu es trop faible, avorton ! » D’un geste sec il abattit la table.

Le fracas retentit dans toute la salle. Tout le monde se dressa pour mieux voir. « Trop lent, Tholkor ! »
Roncebrume ne pouvait y croire : L’envoûteur venait d’apparaître à l’entrée épée au clair et sans une écorchure. A côté de lui, trois envoûteurs apparurent. Tholkor se retourna, un rictus enragé sur la face. « Tu oses te moquer de moi ? »  En un éclair d'acier il projeta sa hache. En une volte, l'intrus se déroba, et la hache fendit le linteau de la porte. A son tour l’envoûteur leva son épée : Un rayon mauve atteignit Tholkor en pleine figure. En un grondement féroce, le guerrier se redressa et bondit. Mais que pouvait-il faire contre le flux d'énergie mentale de son adversaire ? Il avança encore de quelques pas avant de s'effondrer. Fou de rage il tendit une main crispée vers son adversaire : « Tu me paieras cette défaite Jerad Gurnmarsson !!! »
Et il s'effondra sous les acclamations de l'assistance.

Hébété, le vainqueur se laissait amener vers une table. Une élémentaliste Norn, le visage soucieux, s'empressait à ses côtés. D'autres guerriers écartaient les tables. On emportait Tholkor, toujours inconscient.

Roncebrume était à peine descendu du comptoir qu'Helga Kaldstall apparut, un sourire méprisant sur la face « Tu as eu de la chance, Roncebrume. Un héros Norn s'est battu pour que tu puisses rester.  C'est plus que je n'en aurais jamais fait pour toi ». Elle ajouta « A ta place j'irais le remercier. » 

Penché à sa table, Jerad se demandait quand la salle arrêterait de tourner. Il avala une autre gorgée de vin épicé. Pas de doute, demain au réveil il serait aussi meurtri qu'un berger piétiné par un troupeau de dolyaks. Tholkor tapait vraiment fort.

« Salutations, Jerad Gurnmarsson ». Surpris, Jerad avisa l'être tout en bois et pousses qui se tenait de l'autre côté de la table. « Moi Roncebrume, te remercie de ton aide. Sans toi Tholkor aurait probablement tenté de me saouler à m'en brûler l'esprit ».

Jerad hocha la tête. Une mèche de cheveux noirs et gras masqua pour un instant son visage . « Ah ! Oui il est souvent humiliant. Assieds toi Roncebrume, prends une bière et profite de la soirée ».
Quelques instants plus tard, Jerad considérait d'un regard pensif son compagnon de tablée. Alors que la beuverie battait son plein, Roncebrume restait silencieux. Son visage vert aux traits fins était curieusement inexpressif...Comme léthargique. L’envoûteur Norn soupira.

« Allez Roncebrume, ce soir tout le monde parle ! Qui es-tu ? »
Le Sylvari retourna un regard surpris. « Je suis Roncebrume, envoûteur du soir. »
Jerad eut un fin sourire « C'est donc un si grand exploit que d'être envoûteur du soir ? 
-Mais...Ce n'est pas un exploit..»Roncebrume était clairement décontenancé « C'est ma nature. Tel je suis. »
Jerad secoua la tête... «Non Roncebrume. Tu ne peux être...
-Ha ! Sylvari ! Tu ne peux être que le résultat de tes exploits !!! »

La voix était tonnante, le geste ample, l'éloquence éthylique, et le chasseur Norn qui animait le tout se laissa tomber sur le banc à côté de Jerad. Il soupira de contentement. « Ah quelle soirée !!! » Puis il tourna une trogne rougie vers Roncebrume. Sa moustache rousse frémit et il reprit dans une exhalation qui fleurait bon l'hydromel : « Sylvari, je te l'annonce, ce soir Jerad n'est pas un envoûteur ! C'est le vainqueur de Tholkor. Moi je suis Sven, le chasseur de minotaures. Et toi? » Il avala d'un trait sa chope.
Lèvres pincées, le Sylvari finit par répondre « Je suis le tueur des Kraits !
-Bravo ! Et c'était où ?
-La Côte Ternie…Il y a deux mois déjà. Ma sœur et moi avons affronté une vingtaine de Kraits.
-Et tu les as tous tués ?
- J’ai tué une quinzaine d’entre eux. Les autres ont fui.
-Joli ! Et ta sœur ?
-Elle est morte. »

Le chasseur beugla : « Mais non ! Elle est morte, mais elle reste celle qui t’a aidé à tuer ces Traikes...A la santé de Jerad, de Roncebrume et à sa sœur ! ».
Et il dut partir chercher une autre chope de bière.

Roncebrume se retrouva seul à table face à Jerad. Etonné, il se rendit compte que la tristesse voilait le regard du Norn. Jerad hocha la tête « Viens Roncebrume, allons prendre l'air ! » L’envoûteur Norn se leva pesamment. Le Sylvari lui emboîta le pas.

Dehors il faisait frais. La lune trônait dans le ciel, et l’orchestre s’était tu. Les danseurs s’étaient dispersés, et à quelques tables ici ou là, des conversations ponctuées de rire s’élevaient.
A pas lents Jerad se dirigea vers la forêt. Enfin il parla : « Tu es triste, Roncebrume. Et ça fait des mois que tu ne vis avec cette tristesse, pas vrai ?
- Comment sais-tu ça ?
-Les Norns ne sont pas que de grands bagarreurs épris de bière. C’est toujours une perte quand un être cher périt. Il lui restait pas mal d’aventures à vivre pas vrai ? »

Ils étaient déjà dans le sous bois, et à travers le couvert, la lumière blafarde les éclairait tour à tour. Roncebrume lutta un instant pour refréner l'amertume qui lui montait à la bouche.
« Nous étions nés ensemble. Mais elle voulait partir toujours plus loin. Elle m’a demandé de la suivre ce jour là. Je traînais. Elle était en tête. Elle est morte.
-Les armes à la main.
-Oui. Et elle ne sera jamais plus. »

Jerad soupira pesamment. La tête continuait de tourner. Ils étaient près du campement humain. Il reprit : « Roncebrume…Même quand les gens meurent, s’ils ont été valeureux, ils restent dans le cœur et les paroles de ceux qui se souviennent de leurs exploits ».

Le Sylvari se tourna brutalement vers lui. En un murmure il répondit : « Jerad, les victimes qui ont été massacrées par des tueurs sans scrupules auront-elles une éternité de souffrance ?  Avec les Kraits il y avait quatre Norns vêtus de noir. Ils l’ont criblée de flèches, et ont pris son corps. Je n'en ai retrouvé que les cendres… »

Dans la pénombre Jerad serra les poings. Il gronda : « Aucun Norn n’infligerait une telle chose à une ennemi ! »
- Ceux là si. » Une épée venait d’apparaître à la ceinture de Roncebrume. Il reprit «  Et chacun portait un pendentif à l’effigie d’un dragon d’argent au cou.
-Un dragon ? Mais comment…? »

Le Sylvari dégaina. « Ils sont morts Jerad. Et en les tuant j’ai perdu quelque chose de plus précieux encore. Adieu. 
-Roncebrume, attends ! »
Mais l’envoûteur Sylvari termina son invocation. L’espace d’une seconde, quatre reflets apparurent autour de Jerad. Ils éclatèrent ensemble. Lourdement le Norn tituba avant de s’affaler sans connaissance aux pieds de Roncebrume.

Le Sylvari passa un rameau crispé sur son visage. Jusque à quand devrait il endurer ce flétrissement? Les larmes qui coulaient sur son visage ne ramenaient pas les feuilles qu'il avait perdues. À mi voix il reprit : «Merci Jerad pour m'avoir évité l'effusion de sang. Tu ne sauras jamais à quel point j'ai appris de votre peuple.»

Allons, il devait partir. La gloire ne remplaçait ni les morts ni l'innocence.

C’est au petit matin que Sven retrouva Jerad assis, hébété, prés  du feu de camp. En quelques mots il lui expliqua ce qui était arrivé : pendant la nuit on avait trouvé les corps de quatre archers. Des fils de Svanir : chacun d'entre eux serrait dans le poing une statuette de dragon.

On avait retrouvé leurs têtes accrochées aux branches d'un arbre. Mais on ne savait toujours pas à qui elles avaient appartenu : en un écorché sinistre quelqu’un avait taillé sur chaque visage un masque ricanant.
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[GW2 Récit] L'Eveil Empty Re: [GW2 Récit] L'Eveil

Message par Jeradon Mer 15 Aoû 2012 - 21:06

L’étape.


Quand Roncebrume parvint à l'Avant-Poste, l'après-midi était bien avancé et un épais voile grisâtre avait fini par envahir le ciel. Bien sûr la route vers les territoires humains était encore à plusieurs heures d'une marche épuisante à travers des collines boisées. Mais après une nuit de course, Roncebrume ne pouvait aller plus loin. A contrecœur, il se dirigea vers l'auberge au pied du versant.


En dépit du nom, l’endroit n’avait rien d’une fortification. Il n’y avait que deux masures: la maison et une grange avec une écurie. Et un mur bas de pierres plates encerclait le tout. À l'approche de Roncebrume, un gamin détala vers la maison. Les membres endoloris par la course, le Sylvari traversa la cour de terre battue. Il n’y avait personne hormis une servante portant un seau d’eau. A l’appel de Roncebrume elle se hâta vers la bâtisse principale. Etonné, l’envoûteur finit par la suivre à l’intérieur.


Dans une salle qui sentait la soupe, il n’y avait que deux personnes au comptoir. A contre-jour, on ne pouvait facilement discerner leurs traits. Roncebrume s’approcha à pas comptés. Dans un coin la servante s’occupait à remplir une marmite. Roncebrume s’entendit demander d’une voix rauque combien coûtait un repas.


“Deux pieces d’argent messire, et la nuit est comprise”. Celui qui parlait était derrière le comptoir. Rassuré Roncebrume s’approcha. L’humain avait tout l’air d’un aubergiste, en dépit de sa contenance militaire. L’autre individu accoudé au comptoir était un Sylvari.


La main de Roncebrume se déplaça vers la poignée de son épée. Les deux autres s’en aperçurent. « Il y a un problème messire ? ». L’aubergiste souriait toujours mais son regard bleu acier était vrillé sur Roncebrume.. L’autre sylvari leva une main gantée en geste d’apaisement. « Laissez donc, Viktor. Votre client est simplement épuisé.» En entendant ces propos les yeux de Roncebrume s’arrondirent. Son interlocuteur eut un sourire satisfait. « A part Viktor, nous sommes entre nous. Vous ne trouverez pas d’ennemi ici. »

Le sylvari avait l’air sincère. Roncebrume gagna le comptoir et commanda un vin fort. L’hostilité de l’aubergiste disparut à l’instant. Pendant qu’il s’affairait avec le vin, Roncebrume scrutait son voisin de comptoir. Celui-ci était tout bonnement vêtu à la mode des humains. Seul son teint et les feuilles verdoyantes de son front révélaient sa nature. Nulle fleur nul pétale ne couvrait son corps. Il n’avait que l’odeur de son armure de cuir travaillé et des armes qu’il portait.

En dépit de l’examen indiscret de Roncebrume, le sylvari sirotait son vin sans y prêter attention. Enfin il parla : « Ah Feodhan…on dirait que votre expédition vous a épuisé. C’était donc si difficile que cela ? ». Le sourire était compatissant, mais le ton était cérémonieux, et l’individu en savait vraiment trop : la sève se figea en Roncebrume. Il articula avec difficulté : “Que veux-tu dire?”


Le sylvari haussa les épaules: “Votre vengeance sur les Norn bien sûr! Vous ne pensez pas qu'elle passerait inaperçue!?”
Roncebrume ouvrit la bouche, et se tut, un sourire désespéré sur le visage. "Non je ne crois pas" avoua t'il.
« Depuis ce matin les Norns cherchent le Sylvari qui a exécuté quatre des leurs. Vous n'avez que quelques heures avant que les premiers d'entre eux ne débarquent ici.”
Roncebrume resserra la bouche. "Qu'ils viennent!" réplica t'il le regard féroce. Le vin était arrivé. Il avala une gorgée du liquide âcre et fruité. Son interlocuteur reprit en souriant. "Vous ne redoutez pas le danger?"
-Je ne le redoute plus maintenant.”


Le sylvari eut une expression étrange. « Un héros solitaire prêt à se battre contre un ennemi implacable…Vous avez du courage savez-vous ? ».
Quelque part Roncebrume entendit l’aubergiste murmurer quelque chose au sujet du bois pour le feu. Le temps de se retourner, servante et aubergiste avaient disparu. Roncebrume furieux se retourna vers son voisin de comptoir. « Ne vous en faîtes pas. Viktor est un gars tranquille qui ne veut pas d’histoires. A chaque fois que je rencontre quelqu’un ici il préfère s’éclipser. »


Tout à coup Roncebrume se mit à dévisager son voisin, un sylvari qui portait des gants de velours une armure de cuir, un manteau ouvragé et un collier avec une médaille dorée. Un sylvari paré comme un seigneur humain. Un sylvari qui parlait comme un humain. Et un sylvari qui discutait de l’expédition de Roncebrume comme s’il s’était agi d’un voyage épique.
« Qui es-tu ? »


L’autre Silvari haussa les épaules. « Qu’importe ? Appellez moi Karannoc. Je sillonne la Tyrie tout comme les vôtres. Et tout comme les vôtres je sais quand un Sylvari commet un acte qui le fait souffrir. La différence, c’est que je ne rejette pas ceux qui se défendent.»
Dehors par la fenêtre, les grosses gouttes isolées d’une pluie orageuse s’abattaient lourdement sur un sol poussiéreux. Roncebrume ne posa pas la main sur la crosse de son pistolet. Doucement il commenta : « Tu fais partie de la Cour des Cauchemars. »


Karannoc haussa les épaules, une moue de dépit sur le visage. « C’est le joli nom que certains donnent à notre mouvement. Nous avons simplement compris que la « sagesse » des Premiers Nés a été écrite il y a des siècles de cela. Et bien entendu ils n’osent pas contrevenir à la vérité écrite par un Centaure! » Roncebrume resta impassible.


Karannoc toisa Roncebrume de ses yeux ambrés. « Quand les Norns ont tué votre sœur, que s’est-il passé ? Les sages qui vous gouvernent n’ont rien fait ! Pourquoi donc ? Si vous leur aviez posé la question, ils vous auraient répondu que c’était sa destinée. Mais vous n’avez posé aucune question. Vous avez simplement pris vos armes et vous avez exécuté les meurtriers de votre sœur. »
Subjugué, Roncebrume acquiesça. Son interlocuteur regarda un instant le fond de son gobelet, avant de reprendre.
« Et ainsi vous avez commis un crime impardonnable à leurs yeux : vous avez vengé une mort innocente! Alors maintenant que votre tête est mise à prix par de fanatiques meurtriers, croyez-vous que les aînés vous protègeront, Roncebrume Feodhan ? »
Roncebrume eut un sourire amer. Karannoc avait raison : il était désormais seul face aux Fils de Svanir. Aucun des aînés n’aurait admis le châtiment qu’il avait infligé aux meurtriers de Sorcha. Il était inutile de compter sur leur aide.

Dehors, la pluie se mit à tomber en un crépitement sonore. Karannoc, vida son gobelet d’un trait. Il reprit : « Alors qu’allez-vous faire ? »
Fatigué Roncebrume vida son gobelet avant de hausser les épaules. « Me défendre. Me battre aussi. Les Fils de Svanir ne sont pas invincibles. Je leur ferai payer ma douleur. »
-Combien de temps vous faudra-t-il ? Roncebrume, vous êtes aux prises avec des machines à tuer, et la surprise n’est plus de votre côté. Vous êtes un envoûteur redoutable mais vous ne resterez pas longtemps un envoûteur vivant. »


Roncebrume allait répondre quand à travers le bruit de la pluie, quelque part dans une pièce voisine, résonna un coup assourdi. Karannoc et Roncebrume se regardèrent figés, avant de sortir silencieusement leurs armes.

Déjà Roncebrume se coulait vers la porte de la cuisine. Il jeta un coup d’œil vers l’arrière : Karannoc était en embuscade derrière le comptoir. Il fit un signe de tête. Et à ce moment, la porte vola en éclats.

Roncebrume ne put qu’entrevoir la silhouette massive d’un Norn : déjà celui-ci bondissait l’épée haute sur Karannoc. Le premier coup d’épée projeta le Sylvari contre la paroi. Le Norn levait son épée pour le coup de grâce quand une grêle de balles creva son plastron. Fou de douleur il se retourna vers la silhouette du tireur qui l’ajustait, et ne remarqua le gringalet Sylvari que bien trop tard. En un savant enchaînement Roncebrume plongea son épée à travers le plastron de son adversaire. Le Norn s’effondra comme une masse.


Karannoc s’était relevé, haletant : « Merci de votre assistance.
-Je n’abandonne jamais les gens en difficulté » répondit Roncebrume froidement.
Déjà il se tournait vers la porte de la cuisine. Derrière lui Karannoc poursuivait « Vous avez vu son tatouage ? »
-Pas besoin, je reconnais le style ». Dans la cuisine, la servante avait été clouée contre le mur. La poignée d’une broche dépassait à peine de sa poitrine. Et la hache qui avait éclaté son crâne était restée enfoncée dans le mur de torchis. Seul des Fils de Svanir se livraient à un tel massacre.

Derrière, Karannoc s’était approché. D’une main énergique il prit Roncebrume par l’épaule et chuchota rapidement « Si vous voulez vous battre, suivez-moi. Tout de suite ! ».
Silencieusement, les deux Sylvaris se glissèrent derrière le comptoir. Karannoc désigna une trappe à même le sol. « Vous passez d’abord. » A peine avait-il ouvert la trappe qu’autour de la salle, des pans du mur éclatèrent.

Roncebrume sauta souplement dans une pénombre humide. Au-dessus, une lutte féroce retentissait dans le fracas du métal. Une pause se fit, et Karannoc dégringola par l’ouverture de la trappe. A peine Roncebrume l’avait-il remis sur ses pieds qu’un guerrier Norn passa un bras massif à travers la trappe. D’un coup de pointe Roncebrume perfora le poumon de son adversaire, et en râlant le fils de Svanir s’affala, bloquant l’ouverture.

Derrière Roncebrume, Karannoc avait allumé un briquet. « Vite au fond de l’appentis ». Le visage ensanglanté, il guida Roncebrume entre les tonneaux et les amphores vers l’entrée d’un boyau.


Les deux Sylvaris s’engouffrèrent à l’intérieur. Karannoc expliqua à mi-voix . « Viktor est un vieux de la vieille, et a servi sous mes ordres. Il a toujours su se ménager une porte de sortie ».
-C’était un vieux de la vieille ». Corrigea Roncebrume. Un silence se fit. Karannoc reprit d’une voix sourde « Peut-être ».
Derrière, on entendit un rugissement de rage. Roncebrume reprit : «Ils ne peuvent pas nous suivre dans ce boyau. » Karannoc ne ralentit pas sa progression. : Roncebrume, ce sont des chasseurs. Ils vont tenter de nous débusquer. »


Comme en écho, un grondement sourd retentit non loin derrière. « C’était quoi ça ? » chuchota Roncebrume. La réponse de Karannoc fut sinistre : «C’est une guivre, un ver géant. Soit invoquée soit relâchée à nos trousses. Il faut trouver la sortie, et vite ! »
Ce qui avait été une fuite discrète devint une course précipitée. Courbé en deux, Roncebrume ne voulait pas penser à ce qui se passerait si Karannoc trébuchait en tête. Derrière eux le grondement se rapprochait. Karannoc reprit en un sifflement : « Sortie droit devant ! Courez aussi vite que vous pouvez ! » Et en quelques instants ils furent dehors à la lisière d’un bosquet, sous une pluie battante.

Roncebrume jeta un regard égaré, tournant sur lui « Au nom de l’Arbre, où sommes-nous ??? ». Karannoc, se retourna vers lui désignant un point en contrebas : « La rivière !!! ».
Et un bloc de glace s’abattit sur lui.


D’entre la pluie deux silhouettes massives surgirent et foncèrent sur Roncebrume, épée à deux mains au clair. Le premier coup s’abattit sur l’envouteur. A moitié assommé Roncebrume boula vers l’arrière et se releva. Dans un halo bleu, entre deux guerriers Karannoc bataillait ferme. « Meurs chien Sylvari !!! » hurla une voix : plus haut sur une pierre dressée la silhouette d’un Norn revêtu de peaux de bêtes se dressait à travers la pluie.

Roncebrume saisit son pistolet ajusta la cible… Et dans une éruption de terre une guivre jaillit devant lui. L’envouteur entendit le Norn hurler de rage, mais déjà il bloquait l’attaque de la guivre, avant de faire apparaître un fantasme.

En une roulade il évita un bloc de glace, et fit un geste en direction de ce qui devait être un élémentaliste Norn. Des racines jaillirent de terre, enserrant le Norn en une étreinte implacable. Cette fois l’élémentaliste poussa un hurlement dément : « Trahison ! Par le Dragon aidez-moi !!! » Roncebrume eut à peine le temps de finir sa Guivre que Karannoc fit apparaître une bulle autour d’eux. Il hurlait désormais « Féodhan, faites ce que je dis et foncez vers la rivière. Ils sont après vous, je me débrouillerai sans problème face aux autres ! »


Roncebrume ouvrit la bouche « C’est un combat sérieux ! Pas de discussion ! »Vociféra le Gardien. Subjugué, l’envouteur abandonna Karannoc et dévala le versant vers la rivière. Au-dessus de lui, l’orage grondait, et sous la pluie battante, la rivière était un bouillonnement d’écume. Pas un pont, pas un gué n’était visible. Il était devant un à pic parsemé de rochers. Incertain il se retourna juste à temps pour voir un autre fils de Svanir accourant vers lui, masse à la main.

Il eut à peine le temps de se préparer. Le serviteur de Jormag bondit sur le côté et d’une frappe puissant fit trembler le sol. Le sol se déroba sous les pieds de Roncebrume. Déjà les yeux brillants de rage, le fils de Svanir l’empoignait par la gorge.

Comme au ralenti Roncebrume vit la masse du Norn se lever…Et tout dégringola en une avalanche le long du versant boueux de la rivière. Surpris, le Norn relâcha un bref instant sa prise, et Roncebrume atterrit cul par-dessus dans l’eau au beau milieu d’une coulée de débris. Aveuglé par le bouillonnement, il entrevit des rochers: il ne cherchait plus à se battre mais à éviter la noyade. Quelque part il entendait les beuglements étranglés du Norn. Bientôt il n’entendit plus rien…


Karannoc retira son épée du corps de l’élémentaliste Norn. Son manteau était en pièces, son armure de cuir avait vu de meilleurs jours, mais cette fois encore il avait triomphé. Il jeta un coup d’œil vers la rivière en crue. Roncebrume avait disparu. Il eut un sourire amer. Avec un peu de chance, l’envouteur survivrait assez pour rejoindre leurs rangs. Mais auparavant, il lui fallait parler à ses supérieurs…
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Message par Jeradon Lun 20 Aoû 2012 - 0:59

Les ténèbres des autres...

Sur le rivage...

L’orage avait fini depuis un petit moment quand Emmeline partit inspecter les berges de la rivière. Elle espérait que cette fois les eaux bouillonnantes n’avaient pas arraché ses nasses. Le visage fermé elle avançait à grand pas sur le chemin qui menait à la rivière. Avec un peu de chance sa pêche était encore sauve.

Mais la vue du désastre mit fin à ses espérances. La rivière grossie par l’orage avait arraché une partie de ses rives et avait abandonné son lot de débris. Sur les hauts fonds s’amoncelaient du bois mort, des buissons arrachés, les restants de ce qui avait été un canot même.

Le cœur serré, Emmeline arpentait lentement la berge. Si le courant n’était pas trop fort, peut être pourrait elle récupérer les planches du canot. La vue d’une silhouette étendue sur les galets l’arrêta net. Lèvres pincées elle scruta la rivière...Entre deux rochers voisins s’était échouée une autre silhouette, bien plus massive. Emmeline finit par relever un pan de sa robe, et les pieds nus , franchit rapidement l’eau glaciale. Le plus grand des deux avait été un Norn. Il avait une méchante plaie rougie sur la tempe et le teint pâle aux lèvres bleues des noyés. Quand à l’autre…Emmeline eut une exclamation de surprise, et oubliant sa robe, empoigna ce qui était enveloppé dans un pantalon et une blouse.
La chose bougea, étendit la main…Pas de doute c’était vivant. Elle finit par se décider, passa le bras autour de son cou, et sans se soucier de l’eau froide, hissa l’étrange rescapé vers la rive. Peut-être pourrait-elle le sauver. De toute façon sa robe était fichue…
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Message par Jeradon Jeu 23 Aoû 2012 - 22:19

Suite de la scène précédente

Après un après midi pluvieux passé a cultiver les fruits de la foret de Calédon, Roncebrume avait enfin un peu de temps libre. Assis sur le sable au bord d'un ruisselet, il traçait des caractères étranges, qu'il n'avait jamais vus...l'exercice était plaisant. Il suffisait de regarder les reflets de l'onde et la main traçait sans effort des caractères au contour précis.

Tout à son écriture il ne remarqua qu’au dernier moment le reflet du visage rieur de Sorcha dans l'onde claire. Joyeusement il se retourna vers sa sœur...et il ne vit que le regard sans âge d'une femme silencieuse.
Éperdu, il jeta un regard autour de lui. Le sable du ruisseau avait été remplacé par un sol de terre battue. Un jour blafard pénétrait par deux fenêtres. Et nu comme un soliveau, il était étendu sur un lit étroit.
“Te voilà enfin réveillé.» dit la femme d'une voix traînante.
Roncebrume se sentit perdu: il tenta désespérément de se lever, avant de retomber en arrière, épuisé. «Qui êtes vous, et où suis-je?»
La femme eut un rire sans joie...Elle s'approcha lentement, avant de toiser froidement le Sylvari. Maintenant Roncebrume pouvait voir la robe de bure informe qu'elle portait et plus encore les anneaux de métal pourpre qu'elle avait à ses poignets. Ses longs cheveux noirs flottaient librement sur ses épaules.
« La question est : qui es-tu et comment as tu fait pour te retrouver au bord de la rivière. Explique-moi ça d'abord.»

Cette femme autoritaire n'avait rien à voir avec les fils de Svanir. Roncebrume commença à raconter comment des bandits Norns l'avaient attaqué après qu’il se soit égaré dans les bois, mais bien vite, elle l'interrompit. «Attends, tu viens des Contreforts des voyageurs?» Devant l'acquiescement de Roncebrume, elle reprit «Tu t'es égaré. Tu es dans le ValVieux, à trois jours de marche de la mer, et crois moi tu t'es fourvoyé dans une contrée périlleuse.»
Un sourire moqueur passa rapidement sur son visage ovale.

Elle reprit «A mon tour maintenant. Je m'appelle Emmeline, et sous mon toit tu feras tout ce que je t'ordonnerai. Ici, à la lisière de la forêt, les gens ne viennent pas. Quand à ton arrivée ici...» Elle s'éloigna vers un coin de la masure avant de revenir, porteuse de lambeaux informes. D'un geste négligent elle les remit au Sylvari: voilà tout ce qui restait de son sac, et son armure.

Emmeline avait à nouveau un sourire moqueur sur le visage.
«Estime-toi heureux que la rivière n'ait pas fait de toi ce qu'elle a fait de tes vêtements. »
Furieux, Roncebrume tenta de se lever. Ses forces l'abandonnèrent et il retomba en arrière. Emmeline s'approcha et pointa un doigt fin vers son thorax. «Tu n'as pas encore assez de force. Et mes potions ne fonctionneront peut être pas. Etranger, dis moi ce que tu es, je pourrai peut être te soigner.»

Roncebrume maugréa furieusement. «je ne suis pas un monstre et je n'ai rien d'une bête de cirque.» En un geste las Emmeline désigna le pied du lit . «Bien entendu. Tu ne crois pas que je n'ait pas pris mes précautions?»

Roncebrume suivit son geste du regard, avant de se figer: on avait passé des colifichets à chacun des quatre coins du lit. Le regard paniqué de Roncebrume n'avait pas échappé à Emmmeline. Elle reprit, satisfaite. «Je sais que tu n'es pas dangereux. Mais tu n'es pas un être humain, et qui plus est tu m'as l'air unique en ton genre.»

Perplexe, Roncebrume protesta. Les Sylvari parcouraient le monde. Tout le monde en avait entendu parler!
La rage parcourut le visage d'Emmeline. Avant qu'il n'ait pu comprendre elle s'était penchée, avait saisi sa cheville, et la broyait en une poigne d'acier. Roncebrume n'avait jamais vu telle expression sur un visage humain. En sifflant elle reprit :«Tu mens fils de chien! Dis moi la vérité ou je te le jure, je te désosse pour savoir ce que tu es!»
La panique fit taire Roncebrume. Déjà elle se redressait et reprenait son calme. «Je t'écoute.»

Cette fois Roncebrume raconta tout. L'Arbre Clair, le rêve, les premiers nés, le dragon. Par la fenêtre le ciel tournait au bleu sombre. Emmeline s'était assise sur un tabouret et silencieusement écoutait, avec un bref acquiescement de temps en temps. Enfin elle conclut. «Ainsi toi et les tiens, êtes les pousses d'un arbre surnaturel...Et chacun d'entre vous a un rêve différent. Ha! J'aurais préféré partager mes rêves avec d'autres.»

Elle fit une pause, partit vers une table quelque part au fond de la pièce et revint avec une fiole. « Tout ça nous a fait une longue causerie, et il te faut te reposer.» Avant que Roncebrume ait pu protester elle l'avait fait s'asseoir. Rudement elle introduisit le goulot dans sa bouche avant de lui faire avaler le contenu d'un coup. Le liquide âcre au goût de cendres le fit tousser. Elle sourit froidement :«Oui ce n'est jamais agréable au début. Mais on s'y fait vite. Fais de beaux rêves!» Et en quelques instants les ténèbres engloutirent Roncebrume.

Il se réveilla il ne savait trop quand. C’était la nuit et le feu de l'âtre au mur d’en face éclairait son lit. Dans l'air flottait une odeur de soupe et quelqu'un avait allumé une bougie à la fenêtre. Il tenta de se relever, avec un peu plus de succès cette fois ci. «Ah te revoilà! C'est parfait la soupe est encore chaude.»
En quelques instants Emmeline était à ses côtés, bol de soupe, et cuillère à la main. Sans cérémonie elle le fit s'asseoir et entreprit de lui faire avaler une cuillerée après l'autre. La soupe était claire avec quelques morceaux de pain noir, et quelques légumes. Il toussa et parvint à contrarier la femme: «Essaie de manger proprement ou je te le jure fils d'ortie, tu passeras la nuit sans couverture!»

La soupe finie, elle le fit s'allonger. Il protesta : quand pourrait-il se lever? Elle lui retourna un regard sévère: «Roncebrume, tu te lèveras quand je l'aurai décidé. En attendant la nuit est là. Il vaut mieux attendre demain.» Pendant qu'elle s'affairait entre la marmite et la table au fond de la pièce, Roncebrume passa un regard rapide aux alentours: Emmeline avait déjà fermé les volets. Enfin après quelques instants elle revint, le toisa encore avant de se pencher vers lui. «Et je ne te conseille pas de sortir.» Sur ce, elle prit une bougie et passa derrière un paravent d'osier. Roncebrume entendit le grincement d'un lit alors qu'elle se couchait.
D'une voix somnolente elle ajouta« Ne fais pas le malin, sous mon toit ou au dehors, Roncebrume. Les gens ne commencent pas leur vie dans cette contrée...Par contre ils la finissent très rapidement.» puis le silence se fit. Elle n'avait pas soufflé la bougie.

Roncebrume passa le reste de la nuit à tenter de s'endormir à la lueur fantomatique d'une bougie cachée derrière un paravent. Le silence était seulement rompu par la respiration lente d'Emmeline. Un instant il crut entendre des pas au dehors...et finalement, à l'aube, il s'endormit.
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Message par Jeradon Ven 28 Déc 2012 - 18:34

Le portrait


«Debout l'endormi !»
Roncebrume se réveilla pour découvrir la haute silhouette d'Emmeline à son chevet. Elle avait enfilé une robe de tissu noir et avait attaché ses cheveux en arrière. Elle lui tendit une main fine. «Lève-toi». Il se releva en titubant. Et d'un coup son corps se rappela à lui. Il avait faim, il se sentait faible et il voulait sortir.

Emmeline mettait un pot à réchauffer dans l'âtre. Il n'eut pas de difficultés à lui faire croire qu'il devait satisfaire un besoin urgent: elle lui jeta un pantalon et un gilet de toile grossière. «Tiens nippes toi avec ça. Et ne crois pas que tu pourras fuir facilement.».

Peu importait pour Roncebrume: il lui fallait d’abord sortir. Et dehors malgré le ciel couvert et la fraîcheur, il y avait de la lumière. Roncebrume fit quelques pas au-delà du seuil : devant lui au-delà d’une petite prairie se dressait une lisière ombreuse. Il balaya l’horizon du regard : la forêt s’étendait à perte de vue, avant de disparaître derrière une colline. Il se retourna : derrière la cabane se dressait un versant couvert de bouleaux. Cherchant le soleil Roncebrume fit quelques pas encore. Enfin, il respira profondément, ouvrit les bras et les yeux clos, laissa la lumière de ce jour blafard courir à travers son torse, le long de ses membres, pénétrant jusque dans les plus fines cellules de son feuillage. Et quelques instants plus tard, rasséréné, il pensa enfin à enfiler ses vêtements.

A son retour il découvrit qu’Emmeline avait préparé le repas : deux écuelles de gruau. Ils mangèrent en silence à la petite table dans un recoin non loin de l’entrée. Roncebrume pourtant, laissait traîner son regard sur les murs blanchis, le sol de terre battue, le cabinet en bois où se trouvait la vaisselle. Devant le regard sévère de la femme, il se dépêcha de finir sa bouillie.

Entre temps il avait réussi à remarquer un portrait accroché au mur et son repas fini, il s'approcha de l’image : Il y vit un humain vêtu de noir drapant sa silhouette décharnée dans un recueillement sinistre. Il contempla le regard vide d’un crane longiligne avant de se retourner vers la femme.
À sa question elle retourna un regard noir avant de répondre : « C'est Grenth.»

Roncebrume scruta les autres murs: chacun avait le même portrait. A ses questions elle répondit : «Grenth est une déité très puissante. Je le vénère et le respecte.» C'est alors qu'il se souvint que Grenth était le dieu des morts.

Son ébahissement devait être visible, Emmeline le regardait d'un air moqueur : « Vous n'avez donc pas de dieux vous autres sylvaris? »
-Nous n'avons que l'arbre et le rêve. L'arbre est notre mère et nous transmet le rêve.
-Et vous n'avez jamais pensé qu'il y avait des êtres plus anciens encore, qui en savent beaucoup plus que votre arbre et qui garantissent l'ordre du monde?»

Roncebrume ne parvenait pas à y croire : seuls les humains priaient les dieux après tout. Les Norns eux révéraient les esprits de l'Ours, du Loup, du Léopard et du Corbeau. Les Asura croyaient en l’Alchimie Eternelle. En quoi les dieux des humains étaient ils supérieurs alors qu’ils n’apparaissaient pas ?

Emmeline eut un regard mauvais «ils sont toujours là mais ils ne font pas sentir leur présence. Croire que seuls les dragons ou les esprits sont des entités supérieures est une double erreur.»
Il haussa les épaules : « Et Grenth est il donc humain pour mériter tant de respect? Ou êtes vous faits à son image?»
Emmeline eut un drôle de petit rire. « Non Roncebrume, les humains, sauf quelques uns peut être ne sont pas à l'image de Grenth.»

Roncebrume ne parvenait pas à accepter qu’on puisse révérer une telle horreur.
Pendant qu'il réfléchissait, Emmeline avait pris un escabeau et était sortie sur le pas de la porte. Il la rejoignit : Elle était s’était mise à tresser un panier d'osier. Ses mains travaillaient vite et le regard perdu dans le lointain elle chantait une mélopée aux accents familiers pour Roncebrume. Il lui demanda des précisions sur les dieux humains, mais son interruption lui attira un regard mauvais. «Roncebrume, ne me dérange pas. Je ne suis pas patiente avec les enfants, même si ces derniers font cinq pieds six pouces.» Et elle reprit son tressage.

Vexé, l’envoûteur sylvari partit à grands pas jeter un coup d'oeil aux alentours. Il avait vu des enfants Norns : des avortons ignares occupés à des jeux stupides. Comment pouvait elle croire qu’il n’était qu’un être immature? Tout à sa colère, il contempla la morne étendue herbeuse sous ce pâle soleil, et enfin se rendit compte du silence environnant.
Hormis le souffle incertain de la brise et le chant d’Emmeline, on n’entendait pas de cris d’oiseau, ou le bourdonnement d’insectes. Il jeta un coup d'œil vers le versant dominant la masure : un sentier tortueux en descendait. Mais à ce moment là retentit l’appel d’Emmeline : il lui fallut redescendre vers la maison .
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[GW2 Récit] L'Eveil Empty Janille

Message par Jeradon Mer 9 Jan 2013 - 21:48

Janille


A l’entrée de la masure, galoches au pied, sourcils froncés, Emmeline attendait, depuis trop longtemps peut-être.
Avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit Roncebrume reçut un panier et l’ordre de l’accompagner dans la forêt d’en face. C’était aller un peu vite, au gré du Sylvari « Et pourquoi irais-je faire cette corvée ?"
Emmeline lui décocha un regard noir : "Parce que je t’ai recueilli, nourri, et que j’attends un minimum de reconnaissance. Est-ce quelque chose qui n’existe pas chez les tiens ? » Roncebrume ignora le sarcasme « Il y aussi des façons de demander assistance. Penses-y la prochaine fois que tu as un visiteur.
-Je n’ai pas de visiteurs. Les sylvaris échoués au bord d’une rivière en crue ne comptent pas. Mais maintenant que j’ai besoin d’aide pour aller en forêt, j’aimerais un peu plus de gratitude ! » .

Laissant Roncebrume méditer sur cette remarque, Emmeline ferma la porte de la masure, entonna une mélopée et, tout en chantant, répandit les cendres de l’âtre tout autour de la maison. Et enfin ils purent partir.

Ils marchaient d’un bon pas au milieu des herbes denses et Roncebrume eut à peine le temps de remarquer l’absence de fleur des champs. L’instant d’après ils étaient sous les branchages et la lumière se réduisit à une faible clarté. La pénombre n’était pas un problème pour l’envoûteur du soir. Mais le silence qui régnait sous ces frondaisons était nettement plus angoissant: en comparaison, les nuits dans la forêt de Calédon n’étaient que bruissements et agitation. Emmelinecontinuait cependant, et ils ne s’arrêtèrent qu’après avoir trouvé une trouée dans le feuillage.
A la lumière de la clairière, une mousse épaisse recouvrait le sol, les souches, s'étendant jusqu'a la base des troncs. Roncebrume scruta l’étendue vert émeraude : il n’y avait aucune trace de plante ou de fougère. Entre temps Emmeline toisait les troncs environnant et après un moment finit par se retourner vers le Sylvari. « Parfait. Voici donc la tache qui t’attend Roncebrume : tu vas m’aider à récolter les champignons qui m’intéressent pour mes potions. Ton savoir me sera bien utile.

-En quoi ?
-En récolte de champignons évidemment !
-Qu’est ce qui te fait croire que je suis expert en récolte de champignons ?
-Tu es donc complètement inutile ? »

En soupirant Roncebrume reprit : les Sylvari gagnaient leur connaissance à travers le Rêve. Certains connaissaient instinctivement la botanique. D’autres en étaient ignorants. Il s’arrêta quand il se rendit compte qu’Emmeline était sur le point de lui jeter le panier au visage.

Il lui fallut donc commencer à récolter sous les ordres de cette femme. Le travail n’était pas compliqué : il fallait simplement savoir si la variété poussait sur les troncs ou entre les racines. Mais il fallait se dépêcher, et très vite Emmeline se mit à grommeler,s’exclamer et vitupérer.
Au bout d’un moment Roncebrume en eut assez : il envoya le panier rouler à travers la clairière. Elle s’avança en trois pas et le gifla. « Ramasse ! ».

Le regard furieux il bloqua sa main.« Ramène moi à la maison, et donne moi mes armes avant qu’il ne soit trop tard! » Emmeline eut un sourire moqueur. « Je te les rendrai quand je déciderai. En attendant, j’en ai assez de tes enfantillages. » Avant qu’il n’ait pu réagir, elle l’avait giflé de l’autre main. Furieux il allait la repousser…Et soudainement le monde se mit à tanguer. Pris de nausée, il recula en titubant. De très loin, il entendit Emmeline triompher dans un rire mauvais. Il lui fallut attendre de longues minutes pour parvenir à se tenir droit debout. C’est alors qu’elle lui remit le panier en main. Et ainsi il dut ramasser un par un les champignons qu’il avait éparpillés.


Le retour vers la maison fut un peu plus compliqué, Emmeline entraînant d’une main ferme un sylvari titubant. Enfin ils sortirent du couvert, et Roncebrume redevint lui-même. Emmeline reprit son pas rapide, le sylvari humilié sur ses talons. Roncebrume toutefois tournait et retournait une question dans sa tête. Enfin il se décida.
« Emmeline que voulait dire ta chanson de tout à l’heure ? ».
La femme retourna un sourire moqueur : « Laquelle ? »

Roncebrume avait la chanson en tête. Il entonna un couplet et une expression entre effroi et admiration
parut sur le visage d’Emmeline. Enfin, elle parla. « Roncebrume…Cela fait plus de deux cent ans que les gens ne chantent plus ainsi. Et pourtant tu as tout entonné, naturellement et sans faute. »
Roncebrume n’était pas le moins surpris. « Mais je n’ai jamais compris ta chanson. Que veut dire ce couplet ?
-« A ceux qui ne connaissent pas la paix, j’apporte la sérénité ».
-C’est une chanson de Grenth ? »

Emmeline eut un haussement d’épaules. « Tu poses trop de questions. En attendant nous sommes arrivés et je vais devoir mettre un peu d’ordre à l’intérieur. Attends-moi dehors ! »

Avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit elle avait déjà emporté le panier à l’intérieur de la masure et refermé la porte derrière elle.
Roncebrume en resta les bras ballants avant de partir s’asseoir dans l’herbe un peu plus loin. Cette femme l’avait épuisé avec cette cueillette de champignons et ses gifles qui donnaient mal au cœur. Tout à ses pensées il remarqua parmi les touffes d’herbe, un caillou anguleux. Roncebrume tenta de le ramasser, sans grand succès: la pierre était bien coincée dans la terre.
Il insista un peu, s’agenouilla, tenta de dégager la pierre, écarta la terre, et au bout de quelques instants il avait mis à jour les contours d’une pierre longue et plate. Perplexe, il commença à débarrasser la pierre de la terre qui la recouvrait. Peu à peu une inscription en caractères anciens apparut : « Janille ». Il regarda les alentours avec attention. Non loin de là se trouvait un renflement qui, il en était sûr,correspondait à une autre pierre. Mais à ce moment là Emmeline accourait, et le coup de gourdin qu’elle lui asséna mit un terme aux questions. Tout devint noir.
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Message par Jeradon Lun 27 Mai 2013 - 22:45

La servitude


Quand il rouvrit les yeux, Roncebrume était couché dans un lit un bandeau autour de la tête. Il avait l’impression de flotter. Emmeline était assise non loin du lit et à sa mine sinistre il comprit que le sort ne lui serait pas favorable. Elle commença d’une voix amère:
« Bravo Roncebrume, tu as découvert les pierres. Tu cherchais la vérité, la voici : cette cabane est bâtie sur les ruines d’un cimetière oublié. Bien entendu cette vérité-là n’est pas forcément du gout de tout le monde, et c'est pour celà que je t'invite à rester ici quelque temps."
Roncebrume tenta de se soulever, sans grand résultat : ses membres pesaient comme du plomb. Emmeline lut l’incompréhension dans son regard. Abruptement elle reprit : « Ce que je t’ai fait avaler sape tes forces. Plus tu tenteras de lutter plus tu t’affaibliras. Maintenant écoute bien : Je n’ai pas grand-chose pour vivre et je vais donc te demander de m’aider dans toutes les tâches quotidiennes. Soit tu y mets du tien, et tout se passera comme il faut, soit tu es borné et tu passeras ton temps à te demander ce qu’il t’arrive. Tu découvriras que je peux être très persuasive. Des questions ? »
Les idées se bousculaient dans la tête de Roncebrume. Enfin il articula. «Ces pierres appartiennent à des morts? C'est ton œuvre?»Elle eut un sourire amer. «Ni les pierres ni les morts. Maintenant ferme les yeux, une longue journée t'attend.»Elle n'avait pas fini de dire ces mots que le sommeil l'emporta.

Il se réveilla bien plus tard. La cabane était cette fois complètement plongée dans une pénombre tranquille. On pouvait deviner la respiration lente d'Emmeline à côté, et loin au dehors on entendait les pas lents d'un promeneur...C'est en rêvant à des flâneries nocturnes dans les terrasses du Bosquet qu'il se rendormît. Le matin suivant par contre n’eut rien d’un réveil au Bosquet. Sans trop savoir comment ni pourquoi, Roncebrume se leva, prit une collation, et à l’ordre d’Emmeline, il prit une cognée et partit à la boulaie débiter du bois. Il revint deux heures plus tard avec un pauvre fagot. Quant à s'enfuir, il n'en avait même pas eu l'idée, et les récriminations d'Emmeline sur son inutilité n’y changèrent rien. À la réflexion une telle absence d’importance paraissait plutôt étrange, et alors qu’il ravaudait un filet de pêche, Roncebrume décida d’en parler à Emmeline.

Celle-ci ne lui en laissa pas le temps. Alors que le jour finissait, elle lui fit signe de laisser l'aiguille de côté. Devant lui elle posa un vieux morceau d'ardoise et entreprit de tracer des caractères étranges sous ses yeux. Elle énonça quelques sons et lui dit de les répéter dans un langage étrange. Sans trop comprendre comment il répéta les sons. Plus tard, il comprit qu'il avait reçu sa première leçon de Krytan.


Les jours suivants s'écoulèrent au rythme des corvées et de l'apprentissage de ce langage étrange. Un matin pourtant il finit par se rendre compte d’un changement: une douleur sourde au bras et dans les jambes s'emparait de lui au premier effort. Il avait soif aussi. Emmeline tenta sans succès de l'empêcher de boire le baquet d'eau fraîche de la maison. Il n'en avait cure. Il voulait boire, il lui fallait de l'eau. A ces demandes Emmeline lui retourna un regard pensif, avant de brusquement lui dire de la suivre vers la rivière.

La marche fut une torture. Emmeline lui faisait porter deux nasses, et mmême si elle se retournait vers lui de temps à autre, elle ne leva pas le petit doigt pour l’aider. Ils parvinrent enfin au bord de la rivière. Le souffle court, les bras parcourus par des crampes fulgurantes, Roncebrume tomba à genoux. «Ce n'est pas le moment de te laisser aller. » La voix d'Emmeline paraissait bien distante. L'instant d'après elle lui passait le bras par-dessus l'épaule et l’entrainait vers la rivière. Parvenu à la rive elle l’envoya trébucher sur les galets mouillés. Au dernier moment Roncebrume se redressa et avança un peu avant de s’asseoir, de l’eau jusqu’à la taille.

La fraîcheur de l’eau envoyait des ondes de douleur à travers ses membres mais le Sylvari tint bon...Quelques instants après le courant de la rivière était devenue une caresse bienfaisante alors que le corps de Roncebrume récupérait du dessèchement des jours précédents. Lentement le jour devint plus clair, les couleurs devinrent plus vives. Les mots, les évènements des jours passés revenaient aussi à son esprit.

Emmeline était restée sur la rive et debout, mains croisées sur sa robe elle le contemplait. Il se retourna vers elle : « Merci de m'avoir amené ici...J'aurais pu mourir si j’étais resté sans… »
Elle hocha la tête : «De rien. On dirait que dans la vie comme dans la mort, ta destinée est liée à cette rivière. Déshabille toi et mets la tête dans l'eau si tu le peux »
Il ouvrit grand les yeux « J'étais mort quand tu m'as trouvé?»
Elle secoua la tête. «Non tu étais seulement aux portes de la mort. Tu respirais à peine et tu n'avais pas de pouls. Il m'a fallu un moment pour comprendre que tu n'avais pas de cœur, mais de toute façon cela n'avait plus d'importance.
-Et tu m'as sauvé parce que tu avais besoin d'un serviteur?
-Pas seulement. Tu es un être étrange et je voulais savoir ce que tu es et ce qu'est ton âme. J'ai assez d'informations sur ces deux points.
-Et tu m'as fait tout oublier!!!
Elle eut un fin sourire : « J’ai seulement atténué ta conscience. Tu sais qu’on peut concocter de très intéressants élixirs avec des champignons ? » Elle s'éloignait nonchalamment quand Roncebrume bondit hors de l'eau.

En un clin d’œil elle s’engouffra dans le sous-bois. Les vêtements trempés, Roncebrume se lança à sa poursuite. Parvenu au tournant il eut le temps de voir une robe noire disparaître parmi les buissons. Sans attendre, Roncebrume se rua vers elle. Les souvenirs des derniers jours le défiaient instant après instant, et quelqu’un allait payer pour ça !!! Empêtré comme il était dans ses vêtements mouillés il fonça parmi les buissons. Bientôt Emmeline était devant lui. Il bondit. D'un geste souple elle se retourna et fracassa le contenu d'une fiole de terre cuite sur un arbre. Un nuage de fumée jaunâtre les enveloppa. La rage submergea l’envouteur : « Tu crois pouvoir m’arrêter ainsi !!! »

A travers la fumée, il devina la haute silhouette d’Emmeline, Il bondit, l’agrippa. L’instant d’après il la tenait par la gorge. Lentement il la fit s’agenouiller sur le sol de la clairière. Il reprenait son souffle, mais il parvint à articuler : « C’était facile pas vrai ? Un sylvari perdu et … »Il n’eut pas le temps de finir la phrase. Un grattement retentit et d’’entre une souche pourrie surgirent des dizaines, peut être une centaine de rats. Avant même qu’il n’ait pu lever la main le flot des rongeurs l’atteignit, l’enveloppa. Hurlant le sylvari se redressa. Il tentait encore de balayer son torse, son visage qu’un coup violent l’atteignit en pleine face. Il se retourna : deux coups dans les jambes le firent tomber à genoux. Il avait à peine levé le regard qu’Emmeline lui décocha un coup de bâton en pleine face.
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Message par Jeradon Mar 28 Mai 2013 - 23:12

Les menaces de l’automne .


Quand Roncebrume se réveilla, le monde était devenu plus tranquille. A l’ordre d’Emmeline il se redressa, mit de l’ordre dans ses vêtements et la suivit à la rivière; il fallait tout de même poser les nasses pour le repas des jours prochains.

Les jours devinrent des semaines. Les semaines devinrent des mois. Lentement Roncebrume devint un serviteur dévoué. Jour après jour il exécutait les corvées que lui ordonnait Emmeline, dans le parler moderne ou le langage des temps passés. Tout au long de ces journées il découvrait la contrée. Il connaissait l’emplacement de chacune des pierres plates qui se trouvaient éparpillées dans la prairie. Il savait désormais qu’à la lisière, dans la forêt se trouvaient des menaces et un havre, ou rien, ni la lumière ni la haine, ne l’atteindraient.

Bientôt, l'automne, froid et humide survint. Les après-midi ensoleillés cédèrent la place au grésil et à la brume. Sur la peau de Roncebrume apparurent des tavelures noirâtres qui se joignaient parfois en des motifs fascinants. Mais l’envouteur n’avait même pas envie de s’en inquiéter : seuls comptaient les menus travaux à effectuer…Ainsi que les cours de Krytan Ancien, bien entendu: désormais Emmeline lui faisait lire de vieux grimoires poussiéreux, qu’elle avait du trouver Grenth savait où.

Elle se plaignait aussi : l’appentis où l’on gardait le blé et les légumes secs  était bien vide, maintenant, et la nourriture récoltée dans le bois était insuffisante. Bientôt Roncebrume entendit des lamentations sur la famine prochaine. Enfin, un matin, à travers la prairie détrempée, survint une carriole.

Roncebrume réparait une houe quand des bruits de conversation le firent sortir. Au dehors à côté d’un âne attelé à une carriole, Emmeline et un inconnu discutaient solennellement.

« Salut à toi Jorvik ! ». L’homme était plutôt petit, le visage rond, le cheveu, rare, l’air grave aussi…
« Salut la mère…Il nous a fallu du temps, mais voici des provisions ! Nous sommes tous désolés de t'avoir fait attendre...
-Ce n’est rien Jorvik, je sais que les gens du village ne font que ce qu’ils peuvent.

-Mais nous te sommes tous redevables. Les morts dorment toujours ?
-Ne t’inquiète pas, Les morts dorment bien.
-Et il n’y aura pas de Grand Réveil ?
-Non. Je suis prête à maintenir le Sommeil. Tu as l’air soucieux. »

La main du petit homme était crispée sur la bride de l’âne. « C’est que les temps sont troublés. » Du menton il désigna Roncebrume. « C’est  un étranger ? »
Emmeline eut un fin sourire. « C’est FroideBrume un serviteur. Il est de toute confiance et très doué. ».
L’homme ne quitta pas Roncebrume du regard. « C’est un sylvari. Tu as entendu parler des sylvaris la mère ? ».

Emmeline croisa les mains dans son giron, et devint très calme « Un peu…Il y a quelque chose à savoir ?
-Je le crois. On n’a pas vu beaucoup de sylvaris au village, mais ces derniers temps, des gens à la recherche d’un sylvari sont passés. Une histoire de meurtre à ce qu’il paraît. Ceux qui le recherchent promettent une petite fortune à celui qui pourra dire où il se trouve. C’est mauvais signe. En attendant ils rôdent dans la contrée, et ils cherchent les armes à la main. Donc la mère, si tu as un sylvari dans ta maisonnée je te recommanderais aux Six. Les gars qui le cherchent ont de l’acier bien trempé et la magie de la glace. »


Emmeline soupira « Merci de ton avis Jorvik. Bon, est ce que tu pourrais donner un coup de main à Froidebrume ? Il est un peu empoté ce matin. »

Le villageois ne fit aucune difficulté et entreprit de décharger les provisions de la carriole. Il travaillait vite, et avait beaucoup d’énergie pour un humain. Enfin tout fut déchargé devant l’appentis. « Trois sacs de blé, deux sac de farines. Trois petits sacs de semences de haricot, et les barils d’herbes de baies et de teinture. Il y a aussi les couteaux du forgeron et la nouvelle robe qu’a préparée ma femme. Si tu as des habits ou des chaussons à réparer je suis à ton service. »

Il fallait le reconnaître, l’homme avait l’air serviable. Un peu moins d’une heure plus tard il repartit avec quelques effets d’Emmeline. Sitôt qu’il eut disparut celle-ci se retourna vers Roncebrume. « Va dehors et attends-moi »


Quelque chose, était en train de se passer…Et Roncebrume ne savait pas trop quoi. Mais enfin il sortit. Quelques instants plus tard, Emmeline reparut, un long sac de toile, à la main. « Prends ça. »

Machinalement il renversa le sac : dans un tintement métallique ses armes roulèrent au sol. Emmeline revint alors même que Roncebrume regardait le sol d’un air hébété. Elle lui tendit une coupelle pleine d’un liquide visqueux. « Avale ».
Sans protester le sylvari but la potion douceâtre. Elle attendit qu’il lui tende la coupelle vide avant de parler : « Tu es libre de partir Roncebrume. Il vaut mieux que tu quittes cette maison et que tu t'en ailles, vers le bosquet d’où tu viens peut-être. »
Ces mots avaient une étrange connotation. Roncebrume fronça les sourcils avant de scruter le visage d’Emmeline. Comme d’habitude elle avait une expression indéchiffrable, mais ses yeux inquiets trahissaient de vrais soucis.

« Tu as peur ?
-Disons que je suis soucieuse. Il y a quelques mois quand tu m’as parlé du Dragon, je t’ai cru à demi-mot. Mais ce que Jorvik a dit m’a fait réfléchir. Je ne peux pas courir le risque de voir venir des Norns ivres de vengeance. Pas maintenant du moins. Pars donc. »

Il murmura un mot étrange. « Pourquoi ? »
-Tu poses trop de questions. Prépare-toi pendant que je vais te chercher un sac pour le voyage. »

Quelques instants plus tard, muni du sac et des quelques conseils d’Emmeline, Roncebrume repartait vers l’Ouest en direction de la mer et de la Côte de la Marée Sanglante loin au-delà des collines. L'après-midi était ensoleillé, et il passerait le premier village avant la fin de la journée. Bien sûr il était content de repartir. Mais bribes par bribes des questions se présentaient.

Pourquoi Emmeline le renvoyait-il maintenant?  Elle préparait quelque chose, mais quoi? Il était encore en train de retourner ces questions dans la tête, quand il remarqua une carriole retournée un peu plus haut sur la colline. Calmement il s'approcha, mais les mouches le prévinrent de ce qui était arrivé.  La carriole de Jorvik gisait, une roue brisée, non loin du cadavre de son propriétaire: un coup de hache lui avait fracassé le crâne. On n'avait pas même épargné l'âne: ses tripes étaient répandues sur le sol, non loin de la carcasse.  

Pour la première fois depuis longtemps, la peur gagna Roncebrume. Il regarda les collines verdoyantes des alentours: des Norns des Cimefroides étaient peut-être en train de le guetter pour lui faire payer son ancienne vengeance. Et afin d’avoir les mains libres, Emmeline avait décidé de l’envoyer à leur encontre.

Partagé entre la colère et la peur, Roncebrume fit demi-tour, vers la cabane perdue. Tout en gardant l’œil sur les crêtes des collines, il cheminait au pas de course, l’arme à la main. La femme ou les Norns : quelqu’un allait payer. Il n’eut pas le temps de détailler ses plans : en contrebas dans la lueur d'une fin d'après-midi apparaissait la masure.

L’épée au clair Roncebrume dévala le versant, jusqu'au faux pas: la chute le fit rouler à terre, l’épée disparut quelque part dans l’herbe.  Etourdi, le visage couvert d’écorchures, il se releva en quelque chose qui se voulait une roulade souple.  Soudain il se figea : devant lui à quelques pas était étendu la carcasse d’un géant recouvert de fourrures.  Quelque part quelque chose gémit. Les yeux écarquillés Roncebrume, s’approcha de la charogne et d’un mouvement nerveux, retourna le corps. Il découvrit le visage verdâtre d’un Norn, crispé en un rictus macabre.


Dernière édition par Jeradon le Lun 25 Juil 2016 - 16:23, édité 1 fois
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Message par Jeradon Mer 29 Mai 2013 - 23:35

L’aveu

Le guerrier mort portait un pendentif reconnaissable: un dragon ouvragé en acier. Roncebrume arracha l’insigne du fils de Svanir, et d’un coup d’œil rapide, scruta la prairie : non loin de l’entrée de la masure, gisait le corps d’un deuxième Norn. Celui-là était mort l’arc à la main. Seul et sans armes, l’envouteur s’approcha.

Tout autour du Norn on avait éparpillé des objets blanchâtres. Un deuxième gémissement en provenance de la maison attira l’attention de Roncebrume : affalée devant l’âtre, drapée dans sa robe noire, Emmeline avait perdu bien de sa superbe. Elle tourna un visage de pierre vers Roncebrume. « Tu es parti juste à temps, sylvari. Ils sont arrivés sans prévenir…Mais ils n’ont pas réussi à me tuer. Pas même avec ça. » Du menton elle désigna la flèche d’acier barbelée à même le sol. Le sang qui la recouvrait était déjà caillé.
Roncebrume ne pouvait y croire : autrefois, sur une plage de sable fin, deux projectiles de ce type avaient suffi pour mettre à mort une jeune et jolie sylvarie. Il tourna la tête vers l’entrée et regarda les ossements qui jonchaient le sol autour du cadavre : « Tu t’es bien défendue. Janille t’a aidée ? »
Emmeline secoua la tête. « Non, c’est Rolet. Ils l’ont détruit. »

Péniblement elle reprit « Roncebrume écoute…Si tu veux m’aider, va chercher une fiole verte, quelque part dans le coffre derrière mon paravent. »

L’envoûteur jeta un regard surpris à la femme avant de partir au fond de la masure. Derrière le paravent il n’y avait rien d’autre qu’un lit, aussi miteux que le sien, une table et une chaise, une armoire, et un coffre de bois ouvragé. L’armoire était un objet massif, de bois noir chantourné, incongru dans une masure si pauvre. Le coffre lui était piqueté et orné d’un bouclier gravé sur le couvercle.
Roncebrume dut batailler un instant avec la fermeture avant de pouvoir en dénicher la bonne fiole. A son retour Emmeline ne dit pas un mot et avala le contenu d’un trait.

Il tenta de l’en empêcher. « Du large, face mouchetée ! Je sais ce que je dois faire !!! ». Au bout de quelques instants la femme se releva en sifflant de douleur : « Roncebrume…Laisse moi seule dans la maison quelques minutes. J’ai bien besoin de tranquillité. » L’envouteur aquiesca et sortit.
Dehors il avait mieux à faire : Les deux Norns morts gisaient devant la porte, prêts à être dépouillés de leurs secrets.

Les traits de leurs visages étaient flétris et tachetés comme des papayes rancies, leurs armes portaient simplement la marque des Fils de Svanir. Rien de bien remarquable. Roncebrume était en train d'examiner un carquois quand Emmeline parut à l’entrée. « Que fais-tu ? »

Il se retourna vers la femme. Elle était encore pâle mais se tenait droite. Il finit par répondre : « Je cherche des insignes, mais on dirait bien que ces deux là n’étaient que de simples guerriers. Soit des éclaireurs, soit deux idiots fourvoyés. » Il reprit « Il vaudrait mieux disparaître, au cas où.

-Non. » Le ton d’Emmeline était ferme . « Ce n’est pas le moment. Dans deux jours peut être mais certainement pas maintenant. »
Roncebrume soupira : « Emmeline je connais ces guerriers, et ils n’acceptent pas la défaite. Tu as tué deux des leurs, mais que tu en tues quatre, dix, ou cent, ils reviendront plus nombreux encore.
-Les Charr d’antan combattaient de la même façon »
Coupa Emmeline. « La destinée en a décidé ainsi ».
Le ton était impérieux, la diction solennelle, le langage celui de la Kryte ancienne : un instant, Roncebrume crut entendre une Première Née. Puis la magie se brisa et Emmeline s’effondra en un spasme de douleur.

Il eut à peine le temps d’accourir. Déjà elle se redressait l’angoisse peinte sur son visage ovale. « Le mélange aurait du arrêter l’hémorragie ! »

Roncebrume comprenait à peine ces paroles, mais l’affaire était claire. « Emmeline, j’ai regardé le carquois de celui qui t’a décoché une flèche. Il y a un enduit bizarre …J’ai bien peur que tu n’aies été empoisonnée. Et si c’est à base de glace draconique, tes heures sont comptées. »

La peur se fit jour dans les yeux noirs de la femme. « Il faut agir vite. Suis mois à l’intérieur ! » Le temps de la rancœur était passé pour l’envouteur sylvari. Il suivit la femme.

A l’intérieur, la respiration sifflante, Emmeline s’affairait devant l’âtre : « Roncebrume ferme la porte et les volets. » Sans mot dire l’envouteur s’exécuta. Bientôt la maison fut plongée dans la pénombre et à la lumière vacillante d’une chandelle, Emmeline s’avança à pas comptés vers son lit. Maladroitement Roncebrume guida cette femme qui le dépassait d’une tête, et l’aida à s’étendre. D’un geste las elle désigna le coffre dans le coin opposé à son lit. « Ce coffre contient les éléments. Un livre, une pierre de sang, et un bâton. Sors-les. » L’envouteur s’exécuta. Le bâton était enveloppé dans un tissue huilé. Il allait l’ôter quand elle l’interrompit « Pas encore ! »

Quelque chose dans sa voix le fit se retourner : même à la lueur de la chandelle , il put voir le teint cadavérique de la femme. Elle reprit. « Ce n’est pas encore le moment de faiblir. » Un tremblement la saisit. « Roncebrume », chuchota t’elle « Ecoute moi bien. Cela fait bien des années que je garde cette forêt contre les morts. Et tous les ans je dois accomplir un rituel. J’ai longtemps déjoué la mort… » La sueur perlait sur son visage. Sa main brûlante serra le bras de Roncebrume. « Mais mon tour est venu. Roncebrume c’est maintenant à toi d’accomplir le rituel.

- Quel rituel ? »

Elle désigna le livre à la couverture de cuir. « Tout est écrit là. Tu connais désormais le langage. Il ne te reste plus qu’à lire le texte, et à le déclamer à l’endroit indiqué.
-Et qu’est ce qui fait croire que je vais accomplir ton désir ?

-Ce n’est pas un désir, c’est une sauvegarde !!! »
Elle désigna d’un doigt fiévreux l’embrasure de la porte. « Dehors, dorment deux serviteurs du Dragon. Si tu n’accomplis pas le rituel, après demain, eux et une bonne vingtaine de morts rejoindront les troupes de Ludwig.
-Qui est Ludwig ?
Emmeline eut un rire sans joie « Celui qui dirige cette vallée. A son réveil, le soleil sera gris et la vie aura un goût bizarre. Celui des cadavres. » Une fois encore elle agrippa le bras du Sylvari. « Roncebrume il ne FAUT PAS que Ludwig se réveille. Ce sera pire que les serviteurs du Dragon !!! »

Le visage d’Emmeline était hagard maintenant. Etait-ce la fièvre, ou la terreur subite ? Il se surprit à acquiescer. Oui, Emmeline pouvait compter sur lui, le rituel serait accompli. Elle desserra son étreinte et reposa la tête contre paillasse. « Merci Roncebrume, que les Six soient loués. Tu trouveras les indications écrites dans le livre. »

Elle se répétait, la fièvre emportait sa lucidité. Roncebrume acquiescait encore. Bientôt il dut acquiescer alors qu’elle parlait, parlait avec la diction sifflante de ceux qui souffrent.
Elle racontait sa solitude, sa découverte des champignons, le manoir de ses parents. Elle allait décrire son laboratoire quand elle s’interrompit : « Roncebrume, je n’ai pas toujours été âgée. J’ai été jeune et insouciante. Et comme tu as du en faire, j’ai commis des erreurs. Des erreurs graves qui m’ont forcée à être Emmeline, la Mère de la prairie. Celle qui applique le rituel du Sommeil, année après année."
Elle reprit péniblement: "Je l’ai fait en mémoire de tous ceux qui m’ont quittée. Et quand tous ceux qu’on a aimés ne sont plus que poussière, les souvenirs deviennent de grandes richesses...Et parfois aussi des sources de douleur» Un sanglot la parcourut. « Roncebrume tu ne sais pas à quel point je regrette toutes ces années !!! »

Elle retomba en arrière , ses lèvres articulaient une prière silencieuse. Roncebrume la laissa prier. Quand elle eut fini, il attendit longuement à la lumière faiblissante de la chandelle. Dehors régnait le silence de la nuit.
Enfin Il reprit : « Emmeline ces Norns sont les vrais ennemis…Mais je t’aiderai du mieux que je pourrai. »La femme ne répondit pas. Perplexe l’envouteur se leva, et regarda le visage livide, les tâches noires qui apparaissaient sur les lèvres. Quand il comprit qu’elle n’était plus, il lui ferma les yeux et déposa un baiser de paix sur son front.

Enfin il se redressa. Il avait à peine le temps de prendre les ustensiles et de déguerpir vers la forêt avant le retour des Fils de Svanir. Il rassembla rapidement les quelques provisions qu’Emmeline avait sorties de l’appentis, et s’empara des instruments du rituel. Le livre et la pierre partirent dans une besace. Le bâton enveloppé par contre…Roncebrume retira rapidement le tissu huilé. A la lueur de la chandelle le bâton était d’un noir étrange, luisant, pareil à une laque.

Intrigué, Roncebrume allait amener la chandelle quand un bruit dehors le fit sursauter. A l’instant il se redressa, le bâton à la main. Rien. C’était tout simplement une fausse alerte.
Roncebrume allait se rasseoir quand dans sa main, le bâton s’anima : une brulure intense parcourut sa main, son bras, son épaule. Il leva le bras, et vit la noirceur gagner son bras dans un grésillement sinistre. L’envoûteur hurla.

Au dehors un Norn attendait, couché dans l’herbe, le marteau de guerre en main. Un hurlement de damné le fit sursauter. L’instant d’après la porte de la masure s’ouvrit brutalement et une créature d’un noir calciné en surgit avant de se ruer vers la forêt. Eberlué le Norn se redressa avant de secouer la tête: ses frères et lui n’étaient pas venus pour se battre avec un mort-vivant. Il montra la porte aux autres, et lentement les fils de Svanir s’avancèrent vers la masure.
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[GW2 Récit] L'Eveil Empty Re: [GW2 Récit] L'Eveil

Message par Jeradon Sam 1 Juin 2013 - 0:29

Ludwig
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Dans la nuit, la pluie froide, pénétrante tombait sur la foret, dégouttait des feuilles fripées, ruisselait sur les branches et les membres de la créature recroquevillée parmi les frondaisons. Au-delà de la lisière, la masure avait fini de brûler. Seule une fumée et une odeur de brûlé rappelaient à Roncebrume qu'il avait vécu là-bas deux saisons durant.

La sensation de brûlure avait également fini par disparaître. Il frissonna encore. Ses vêtements avaient été consumés, sa peau, son esprit avaient altérés par les ténèbres qui imprégnaient ce bâton. Quand enfin il avait pu relâcher l'arme, la transformation était complète.

Il jeta un coup d'œil en contrebas. Au creux de l'arbre. Il avait enfin pu cacher l'artéfact des ténèbres, le livre, la pierre, et la promesse qu'il avait faite à cette sorcière d'Emmeline. Jamais dans ses pleurs elle n'avait parlé de ce que ferait le bâton.

Il regarda encore sa main noircie. Une odeur de moisissure, imperceptible mais pénétrante en émanait. Il ferma le poing, et frissonna. Ne pas bouger, surtout. Chaque mouvement appelait la douleur. Chaque mouvement faisait glisser la pluie sur ce qui restait de sa peau. Il leva le regard vers le ciel laiteux qui annonçait l'aube. Autrefois aussi il avait attendu l'aube et la pluie. Cette fois la pluie était arrivée avant l'aube.

Lentement la nuit fit place à un petit jour blême. De l'autre côté, hors de la forêt les Norns levaient le camp. Leur proie n'était plus là. «Il n'y a qu'une éternité de douleur sur ce monde. À ceux qui ne connaissent pas la paix j'apporte la sérénité.» Roncebrume frissonna. Qui avait dit cette chose autrefois? La lumière commençait à se répandre parmi les branchages. Lentement, avec peine Roncebrume descendit les branchages, vers l'étendue de mousse, qui l'attendait dans la pénombre.
Là ni la lumière, ni la violence ne pouvaient l’atteindre. Au delà de la lisière une présence invisible veillait sur des ruines abandonnées, sous les arbres régnait un sommeil centenaire. A demi conscient Roncebrume s'étendit sur la mousse fraîche. Devant ses yeux repassaient les images de la mort d'Emmeline. Enfin il s'assoupit...

Le gel recouvrait le pavé de la cour du fort. Ici ou là gisaient les corps des Garde lions qui avaient succombé à l'assaut précédent.
L'espadon sur l'épaule, Roncebrume attendait patiemment. Au dehors approchaient la troupe des fils de Svanir et leurs élémentaires de glace. Il suffisait d'attendre le moment voulu. Trop tôt et les assaillants seraient au courant. Trop tard et la cour serait emplie d'adversaires. L'œil fixé sur la porte il attendait l'arrivée des élémentaires. Ces derniers étaient toujours en premier.
Le premier passa la porte, avant de remarquer la présence du gringalet Sylvari. Il tendit un bras vers Roncebrume. Au dernier moment l'envouteur bondit, évita la flèche de glace, évita encore un autre bloc, balaya l'adversaire d'un revers d'espadon, avant d'expédier une arme fantasmagorique à travers l'espace.
L'épée fantomatique rebondit parmi les élémentaires présents, avant de générer un, deux reflets de l'envouteur Sylvari.

Roncebrume leva le poing vers le ciel : en un claquement cristallin, les reflets éclatèrent, fracassant la glace des élémentaires. Un bruit de course le fit se retourner: sa sœur accourait en renfort, les pétales safran et rose de sa robe claquant sous le vent froid.
Roncebrume n'y pouvait croire : «Sorcha!» À son sourire radieux, elle lui retourna un regard horrifié. Et à l’ instant elle se brisa en mille morceaux.
«Non ce n'est pas possible!!!»

L'espace d'un instant. Roncebrume entrevit une étendue de mousse entre des troncs immenses...Et l'instant d'après il sentit la chaleur d'un bon feu de bois.
A travers les carreaux de la fenêtre on devinait un ciel bleu limpide et assise à côté de son lit se tenait Émilie, les joues en feu, le regard lumineux, la voix rauque:
«Mon amour, mon amour, tout ira bien maintenant...La douleur partira, et nous serons ensemble.»
Une onde de douleur le parcourut à l'instant. Il se ressaisit. Émilie lui prenait déjà la main. «Tu seras à moi, et je serai à toi...Pour tout et pour toujours...Tu veux bien dis?»

Il ressentit l'intensité du désir, sa main se crispa... Une réponse lui vint à la bouche...


«CE N'EST PAS UN RÊVE...»

Roncebrume était maintenant tout à fait réveillé, à genoux au milieu d'une étendue de mousse au pied des arbres. Il regarda son corps enduit d'une sueur poisseuse: il était bien réveillé dans le cauchemar de son existence, au beau milieu d'une forêt ténébreuse, à la veille d'une catastrophe indescriptible...

Il se leva et fit quelques pas en chancelant sur le sol spongieux. Il avait faim, il avait froid...Et il avait très soif. Son regard erra sur les arbres dégouttants d'eau de pluie, sur la mousse qui poussait au bas des troncs: il arracha un pan de mousse spongieuse du tronc le plus proche, et la mordit avant de la sucer: une eau au goût douceâtre emplit sa bouche.
L'instant après il avait suffisamment étanché sa soif. Sa faim le tenaillait encore, mais les champignons qui poussaient dans la clairière ne lui disaient rien qui vaille. Il leva le regard vers les arbres. L’instant d'après il était dans les branchages a la recherche de noix, de châtaignes, de glands.

La douleur était oubliée, et désormais sa faim le guidait: tout à sa recherche il bondissait d'arbre en arbre jusqu'à ce qu'il aperçoive dans la lueur du soir les ruines de la cabane d'Emmeline.
Il s'arrêta, et pensivement éclata une noix.

Dans sa vision, Émilie avait des lèvres pleines, des cheveux courts, une robe de satin grenat, et un cou gracieux...Mais l'ovale du visage, la déclamation, la couleur des cheveux lui rappelaient trop la femme de la cabane.
Il déglutit. Le livre...Le livre d'Emmeline l'aiderait peut être à comprendre. Sans attendre il bondit vers l'arbre voisin.

Mais même en sautant de feuillage en branches, la pluie le surprit avant qu'il n'ait atteint la cache ou se trouvait le livre. Anxieux, frustré, il passa une nuit blanche, réfugié sous les branchages, pendant que sur son corps apparaissaient des feuilles luisant faiblement d'une lumière dorée.
Une aube rougeoyante le surprit alors qu'il commençait à fermer les yeux. Il se ressaisit: il n'avait plus que quelques heures avant d'accomplir ce maudit rituel...et de conjurer la menace de Ludwig, si ce qu'avait dit Emeline était vrai.

Quelques instants plus tard il avait retrouvé la cache. En prenant grand soin de ne pas toucher le bâton, il sortit le livre de la besace, et partit lire dans les hautes branches.

A la lumière du jour ce livre s'avéra être un cahier: la couverture de cuir souple, avait vu de meilleurs jours, et portait la marque d'un bouclier orné de fleurs serpentines. L'écriture sinueuse d'Emmeline courait à travers les pages jaunies, avec ici ou là un diagramme en encre colorée.
Il feuilleta rapidement...Des pages manquaient à la fin. Une sueur glacée courut le long de son échine...étaient ce les pages du rituel? Il examina attentivement...non les pages n'avaient pas été arrachées, mais soigneusement coupées, par Emmeline elle-même probablement. Il allait reprendre sa lecture quand il s'aperçut qu'au verso des pages l'écriture courait dans un autre sens.

Lues correctement, les pages étaient un recueil de dates et faits...Qui remontaient à plus de cent ans...fasciné Roncebrume commença à lire les premières entrées du recueil.L'écriture était rapide nerveuse, et les mots retentissant étrangement dans l'esprit de l'envouteur


Troisième jour du Phénix de 1176
«J'en suis à détailler son regard, à imaginer son corps, je ne me reconnais plus. Il faut que je lui parle. Ce soir je descendrai au village.

Quatrième jour du Phénix de 1176
Il ne veut pas de moi. Je lui ai offert mon nom, ma fortune, je me suis prosternée comme la dernière des dernières, je lui ai demandé si je devais abdiquer mes études, mais non, il ne veut pas de moi. Tout le monde m'a vue, échevelée, à pleurer comme une pauvresse à ses genoux. Je ne sais pas si l'humiliation est pire que le désespoir. J'ai brulé un de mes cahiers. De justesse j'ai pu me ressaisir.

Quinzième jour du Phénix de 1176
Il s'est fiancé à Malina la fille du meunier! Il va se donner à cette idiote replète! Et moi, moi Emilie de Valspyre, vais devoir assister à leur mariage, leur offrir tous mes voeux de bonheur et endurer le regard sarcastique de cette jument poulinière. Et quoi d'autre? Je ne peux plus lui parler, je ne peux plus le voir et je ne pourrai jamais le toucher!!! Que suis-je donc dans ce village à part l'originale recluse dans le manoir de ses parents? Je vaux mieux que ça.

Soixante septième jour du Phénix de 1176.
«Comme annoncé ils se sont mariés. Ses parents et associés étaient là ainsi que le clan de l'autre garce. À eux deux ils pourront peut-être devenir les plus gros propriétaires du village. Peu importe, j'avance bien, dans deux saisons je triompherai ou je quitterai le village à tout jamais.»

Trentième jour de la Saison du Colosse de 1176
«Le plan à fonctionné à merveille. Le rituel était compliqué et j'ai failli y laisser la vie, mais le résultat en vaut la peine. De sa maisonnée, il a été le seul à survivre grâce à moi. L'autre a crevé dans des convulsions atroces. J'ai bien cru qu'il allait également mourir, mais comme prévu, le rituel lui a donné une seconde vie. Les gens du village ont brûlé la maison par peur de la contagion. Il est désormais seul et sans fortune et il m'a dit qu'il m'aime comme il n'a jamais aimé. Désormais il est à moi et il vivra à mes côtés.»

Trentième troisième jour de la saison du Colosse de 1176
«Que s'est-il passé? Hier soir il était allongé à mes côtés quand je l'ai senti se contorsionner. Je n'aurais pas réagi à temps, il m'aurait tout simplement démembrée. Le temps de m'enfermer dans le laboratoire et d'enfiler une robe...et il s'était enfui.
Dans cet état il n'est plus qu'un fauve. Il faut que je le retrouve au plus vite, avant que quelque chose de funeste n'arrive!»

Trentième quatrième jour du Colosse de 1176
«Le malheur à frappé encore plus rapidement que je n'aurais cru. La maison de Coraly à l'écart du village à été dévastée. De la mère et de sa fille on n'a retrouvé que des tâches de sang à même les murs. J'abandonne ma révision du rituel. Je vais devoir arrêter la chose qu'il est désormais devenu.»

Trente cinquième jour du Colosse de 1176
«Je suis parvenue à sentir sa présence et mieux encore à savoir quand il attaquera. Je vais rameuter les villageois. Au crépuscule il quittera cette existence maudite.»

Trente sixième jour du Colosse de 1176
«Je n'arrive pas à le détruire! Il a réussi à surprendre une dizaine de villageois, et à effrayer les autres. Je n'aurais jamais cru qu'il atteindrait cette puissance. J'ai du me transformer pour sauver ma vie et lui infliger des blessures assez graves pour le faire fuir. J'ai réussi à nous gagner quelques journées de répit. Peut être pourrai-je mettre au point un rituel pour en finir avec lui.»

Trente septième jour du Colosse de 1176
«Il est ressorti du bois et avant que je ne puisse faire quelque chose, il a massacré deux autres familles. Les autres sont terrifiés. J'ai eu beau les exhorter, ils commencent tous à remplir leur carriole. Ils se moquent de savoir qu'il les attaquera quelque part sur le chemin. Ils préfèrent tout plutôt que se faire massacrer comme des agneaux à la bergerie. Je les comprend, mais j'ai bien peur qu'aucun ne survive au voyage. Désormais c'est à moi et à moi seule de défendre mes terres contre ce monstre...»


Roncebrume referma le cahier d'un coup sec. Les mots, les paroles se précipitaient dans sa tête. «Les gens finissent leur vie dans cette contrée...»
C'était un demi-mensonge. Émilie de Valspyre était peut être morte dans cette contrée mais elle avait donné le jour à Ludwig...Et elle-même avait entamé une très longue vie dans la peau d'Emmeline, avant de finir empoisonnée par la flèche d'un fanatique Norn.
Dans son âme La pitié le disputait au dégoût. Comment avait-elle pu utiliser sa science maléfique pour s'emparer de l'amour qu'on lui refusait? Il eut un sourire amer. Il suffisait de croire qu'on ne pouvait pas vivre sans l'autre...
Comme lui-même l'avait cru, quand il essayait de rattraper Sorcha... «Un rituel n'est qu'un début, une recherche vers le triomphe.» Il secoua la tête.

Émilie avait oublié l'essentiel: l'amour ne triomphe jamais de la mort. Et par son inconséquence, un village entier avait disparu. Et maintenant c'était à un Sylvari égaré d'apaiser une horreur somnolente. Il leva les yeux vers le ciel nuageux... Il ne lui restait que quelques heures de lecture pour trouver le rituel et conjurer la menace.
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Message par Jeradon Mar 4 Juin 2013 - 18:54

L'Execution

La lueur du crépuscule illuminait encore le bois au dessus de la prairie quand une silhouette élancée atterrit souplement à la lisière de la forêt.
Ramassé sur lui même, l'intrus étudia les environs avant de courir silencieusement vers un coin du pré. S'il pensait rester discret c'était raté : chacun de ses membres luisait d'une lumière dorée. Ce Sylvari était mal parti...Comme tous ses congénères d'ailleurs.

Rolf sourit dans sa barbe et fit un geste à Olaf. Celui-ci comprit et lâcha les loups. Le légume sur pied ne les entendit qu'au dernier moment. Le premier loup fit voler le bâton. Le deuxième cloua le Sylvari au sol.

Et Olaf dut calmer les bêtes avant qu'elles n'aient sérieusement amoché la demi-portion.
L'espadon en travers de l'épaule, Rolf s'approcha nonchalamment du captif. Un par un les autres sortirent  du couvert et s'approchèrent pour mieux voir, si cela en valait la peine.
Et à vrai dire, cette proie-là faisait pitié: un gamin noirci qui sentait la moisissure, nu comme une racine déterrée, et plus mort que vif.  Même le vieux bâton qu'il avait laissé tomber avait vu des jours meilleurs.

Rolf avait peine à croire que cette chose pitoyable ait pu massacrer quatre frères. Seule la traîtrise pouvait expliquer cette affaire. Et Rolf n'avait aucune pitié pour les traîtres... Lentement il retira son casque et se pencha vers la raclure. Ce dernier, les yeux bleus écarquillés laissa échapper un gémissement. Une taloche négligente le fit taire.

« Alors te voilà ...Tu sais pourquoi nous causons toi et moi. Donc je te donne les règles du jeu. Je te pose une question, tu réponds. Si jamais tu mens, je te brise un membre. Tu as compris?» Une tâche jaunâtre en travers de la bouche, la demi-portion acquiesça. «Commençons...Dis moi ton nom!
-Roncebrume...»

Ça se présentait bien. Rolf se tourna vers Leif, l'archer et lui dit d'envoyer le signal : une flèche enflammée partit dans le ciel bleu sombre.
Rolf se retourna vers Roncebrume. «Maintenant combien de Norns a tu exterminés par traitrise?
- Aucun.

Rolf s'empara du bras de Roncebrume. «Tu en es sûr?»
-Je les ai défaits alors qu'ils étaient assis les armes a la main.»
Un cri déchira la tranquillité du soir. Rolf avait a peine insisté. Il reprit « Tu tiens à ton bras, non? Dis- nous le nom du poison que tu as utilisé...». Des yeux bleus clair se rivèrent au regard de Rolf. « Je suis envouteur devant l'Arbre Clair. J'ai vaincu ces abrutis par la force de mes illusions ! »

-Et tu as offensé le Dragon!»
La voix était un grondement reconnaissable. Rolf se retourna pour accueillir le Vieux.
-Gloire au Dragon Thorold ! »
Le Vieux arrêta tour à tour son regard sur Rolf, ses frères d'armes et le Sylvari. L'espace d'un instant l'air fraîchit. Le Sylvari frissonna. Enfin Thorold le Tueur se retourna vers Rolf.
- Gloire au Dragon Rolf. Il a avoué?
-Oui. C'est bien Roncebrume...Et il se vante de son crime.
-Le chien de Sylvari! Hé bien il va connaître la punition du Dragon!»
Rolf fit un signe aux autres. En quelques instants on ligota les mains du prisonnier.  Thorold toisa les environs d'un air satisfait, avant de décider: «La bicoque! Ce sera parfait. Appelle les autres pendant que je termine les préparatifs.»

Le Sylvari était très mal parti. Thorold Le Tueur ne venait que pour un seul rite : le sacrifice. Rolf frissonna malgré lui. Il se retourna, prit un cor et souffla vigoureusement, deux coups brefs, un coup long. Les autres comprendraient : ce soir on honorait le Dragon.

Le temps que la douzaine de frères soit arrivée, l’air avait fraîchi, et l’herbe autour des ruines s’était couverte de givre. Le gamin sylvari avait suivi les préparatifs d’un regard halluciné. Pourtant il ne cria pas quand on l’amena devant l’autel de glace érigé au beau milieu des ruines. Il avait l’air…Etrange.

Pourtant Rolf ne dit rien : depuis qu’il avait atteint la révélation chamanique, Thorold parlait de moins en moins et surtout avait très peu de patience : Rolf avait déjà vu des guerriers respectés finir sur l’autel du Dragon. Entre temps le sylvari avait été enchaîné à l’autel. C’était vraiment pitoyable : une racine dégingandée, attachée bras et jambes sur un autel de glace : n’importe quel sylvari racornirait en une dizaine de minutes. Mais celui-ci ne dit rien. Enfin Thorold, s’avança d’entre les rangs des frères
présents.
Dominant les autres d’une tête, couvert de fourrures et de torques de métal, la peau brillante comme de la glace, il était effrayant même pour certains guerriers.
Et Thorold réservait une terreur à Roncebrume. En quatre mots cruels, un vent froid glacial souffla à travers la prairie.  Des cristaux apparurent dans l’air et se condensèrent en une volute étrange, planant au dessuis de l’autel. Enfin Thorold se retourna vers Roncebrume  et pointa le doigt vers le ciel.
« C’est ta mort Sylvari ! »
Quelque chose n’allait pas. Sur le visage noirci de Roncebrume apparut un sourire dément. Il ouvrit la bouche « Festin, guerriers du froid ! La nuit sera longue !!! »
Et à travers le ciel, l’obscurité se fit. Derrière Rolf quelqu’un quelqu’un murmura d’une voix bizarre « Par le Dragon ! ». Rolf se retourna, et pour la première fois de sa vie, la terreur fit irruption dans son esprit : la chose qui les dominait tous était bien plus grande qu’un Jotun, bien plus grande qu’une monstruosité…Cette ombre gigantesque occultait les étoiles et le soleil couchant.
En hurlant, les archers expédièrent une dizaine de flèches à cette silhouette colossale. En sifflant les projectiles transpercèrent l’ombre titanesque.  Celle-ci étendit un bras et l’abattit sur les archers. Ils s’abattirent tous  comme des poupées inanimées.
« Fin du sommeil, debout dormeurs !!! » : la voix du Sylvari était devenue inhumaine. Un peu partout à travers la prairie des mains squelettiques surgirent du sol. En quelques instants des morts, une trentaine peut-être s’avancèrent vers les Norns qui se réfugiaient  dans les ruines de la cabane.
Thorold se retourna d’un bloc, et toisa du regard l’intrus colossal. « Voilà enfin un combat digne d’un serviteur du dragon ! Fuis ou soumets toi espèce de monstre ! »
Il cria un mot étrange, et tout autour de la prairie apparurent des portails glaciaires.  Lentement, presque à regret, des élémentaires de glace répondirent à l’appel .  « Voilà ce que tu vas affronter ! » : Le hurlement de Thorold annonçait son triomphe : déjà cinq squelettes éclataient sous les cristaux des élémentaires.
Rolf n’avait pas attendu les hurlements sauvages de Thorold: à l’autel, enchaîné sur le bloc de glace. le sylvari se contorsionnait comme un damné. Rolf dégaina son espadon d’une main, et de l’autre agrippa le bras de Roncebrume. « Arrête-le, ou tu paieras cette blague là avec ton sang!!! » Le regard de Roncebrume était de la folie pure. Pourtant il parvint à articuler ; « Ludwig est trop fort !!!Donne moi ma besace et je pourrai l’arrêter !!! Derrière eux le vent était devenu un blizzard. La créature ténébreuse abattait ses serres sur les élémentaires et des cristaux de glace volaient dans les airs. Thorold hurlait, le regard de Roncebrume révélait une terreur immonde.  Rolf n’y tint plus :il saisit une masse et en quatre coups rapides fit éclater les chaînes. Le sylvari s’enfuit au pas de course.

« Reviens espèce de couard !!!» Un rugissement atroce répondit : A la place de Thorold se tenait un colosse de glace ; une tornade se formait autour de l’assaillant ténébreux. Sans demander son reste Rolf s’enfuit, vers la forêt, loin de la défaite. Il allait atteindre la lisière  qu’un cri l’arrêta : « Viens m’aider et garde moi ! »
Il se retourna et vit le sylvari, une pierre étrange à la main, son vieux bâton dans l’autre main, droit comme un pilier. Rolf sortit son épée, et regarda les environs : Près des ruines, le combat battait son plein. Sous les coups du guerrier dragon, la créature des ténèbres perdait ses lambeaux d’ombre.
Tout à coup le sylvari s’élança, Rolf sur ses talons. « Tu vas courir encore longtemps ?
-Sept points. Suis-moi sept fois !!! »


Rolf ne voulait pas comprendre. Il s’enfuit en courant avec Roncebrume. Un autre hurlement, de rage cette fois retentit. Rolf ne voulut pas savoir pourquoi Thorold hurlait ainsi. Il suivit encore Roncebrume. Le petit Sylvari courait au milieu de la tourmente comme un possédé. Cinq autres fois il s’arrêta, et déclama une phrase. Ils couraient vers un autre coin de la prairie quand Rolf se rendit compte que le vent froid venait de tomber.

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ce qu’il aperçut le fit trembler : la chose qui les coursait à quatre pattes était désormais à peine plus grande qu’un Norn, mais aussi réelle qu’un Kodan. Les muscles roulaient sous une peau grisâtre, les machoires sans lèvres arboraient des crocs. Et au fond des orbites d’une caricature humaine, brillaient des prunelles vertes . L’être tourna la tête vers Rolf et rugit , dévoilant ses machoîres puissantes.  

Rolf savait quand un combat ne n’offrait qu’un peu d’honneur et beaucoup de sang. Cette fois il y aurait beaucoup de sang, pour une victoire.  « Viens donc à moi, saleté, viens te faire caresser avec ça !!! » Il mit la main sur la poignée de son espadon. La créature bondit.

Roncebrume courait comme un damné. Il fallait finir l’invocation et rien, pas même un hurlement étranglé ne le ferait se retourner. Devant lui, sous les herbes se trouvait la dernière dalle ornée. Il bondit et se retourna.
A quelque pas, la silhouette d’un géant humain était agenouillée devant le corps éventré d’un Norn. Roncebrume leva le bâton. La chose leva le regard, referma ses machoires et laissa tomber la poignée de chair et de boyaux. D’une main tremblante Roncebrume s’empara de la pierre dans sa besace, et commença l’incantation.
Lentement l’horreur se ramassa sur elle-même. Chacun des mots résonnait comme un fer rouge dans l’air froid. « Par delà le sang et la peine, par delà le désir et la faim, sans rage et sans douleur, accepte le sommeil » Une nausée parcourut Roncebrume. Il put à  peine ajouter « A tous ceux qui cherchent la paix, j’apporte la sérénité… » Et la haine le submergea : La lumiere  du haut, la femme en noir qui l’envoyait dans la prison d’oubli, la faim qui ne le quittait jamais, la douleur qui l’habitait chaque minute, le sang qu’il avait bu encore et encore, toutes les pierres plates, et même la plante devant lui, devaient disparaître encore et encore !!!Mais il n’y pouvait rien… »

Quand il revint à lui Roncebrume était à genoux, la tête dans les mains.
C’était encore la nuit. Il ne savait pas combien de fois il avait griffé son visage, mais ses doigts portaient les marques dorées de son fluide sanguin. Il dut s’aider du bâton pour se relever et avancer. Il dépassa le corps éventré du Norn qui l’avait libéré. Il vit les autres norns effondrés la bouche ouverte sur un cri de guerre qui ne viendrait jamais. Il marcha sur des ossements centenaires, et des pierres tombales retournées . Enfin il parvint aux ruines. Le bloc de glace avait à moitié fondu. Il n’y avait plus trace du Norn. C’était fini.

A côté de la cheminée,  il ne trouva rien d’autre que des cendres. Sur le lit à moitié calciné, il ne trouva pas de corps.  
Il prit le poignard et le manteau d’un mort et s’éloigna en clopinant. La route menait vers l’Ouest, loin de la peur. Il parvint à l’autre versant, de l’autre côté de la prairie.  Un sentier longeait une boulaie jonchée de feuilles mortes.
Dans la nuit froide, à la lueur des étoiles, il regarda sa main noircie. D’entre ses lèvres il y eut un murmure : « Qui es tu ? ». Une dernière fois il regarda le charnier qu’était la prairie… Et au milieu des ruines de la maison apparut la silhouette en robe noire.

La terreur au corps, le sylvari s’enfuit.


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